1975, de Sydney Pollack
avec Robert Redford, Faye Dunaway et Max von Sidow
L’histoire
Agent de la CIA, Joseph Turner est chargé de brasser des informations provenant de livres du monde entier, afin d’y repérer des tendances ou des anachronismes. Un jour, il envoie un rapport écrit au siège et le lendemain, ses collègues sont assassinés pendant une pause-déjeuner. Commence alors une course contre-la-montre dans le but de découvrir ce qui se trame.
Le type Ennéagramme Six en tête-à-tête
L’ambiance du film nous conditionne : on ne comprend pas ce qui se passe, le danger rôde, la méfiance est de rigueur. L’incarnation de Robert Redford est une bien belle définition de « Force/Beauté », qualificatif attribué à ce sous-type. Le doute est canalisé, il faut être fort dans sa tête pour dénouer les tenants et les aboutissants de la situation. Il faut alterner les deux stratégies du Six face au danger : se replier, accumuler les informations, suivre le fil du raisonnement, et puis attaquer ou tout au moins avancer une pièce sur l’échiquier qui va déstabiliser le camp adverse. En clair, comme dans une partie de poker, renvoyer le « mal de tête » dans le camp opposé. Le tout, sans qu’aucune agressivité ne transparaisse. On est bien dans le centre mental, et non dans le bouillonnement intérieur du centre corporel dans une telle situation.
Ce qui surprend, c’est la « douceur extérieure » affichée alors que la tempête règne dans le mental. Le joueur d’échec garde, sinon le sourire, du moins une forme de courtoisie sympathique quand il croise le fer. Pas d’éclat de voix, de menaces ou de gesticulations, le regard n’est pas inquisiteur, mais il enregistre tout et il exprime le climat de la relation. Faye Dunaway aura d’ailleurs de bien jolis mots sur ce regard qui met en confiance et auprès duquel elle considère qu’il ferait bon vivre. Certains tête-à-tête peuvent avoir un regard glacial. C’est tout le contraire ici : un regard intelligent et bienveillant, qui laisse également percevoir une « Force de détermination » quand nécessaire. Cette forme de Six est assez fréquente dans la vraie vie et elle est malheureusement absente de la plupart des ouvrages plutôt centrés sur les mots : doute, peur, méfiance, prudence… Dans notre cas, aucun de ces mots n’est apparent dans le comportement extérieur. L’homme est plutôt sympathique et doute/peur sont transformés en un comportement appelé Force/Beauté.
Les autres intérêts du film sont d’une part le personnage de Faye Dunaway et le lien qu’ils vont créer et, d’autre part, la forme du danger. Il s’agit ici d’un danger social, genre complot, peut-être encore plus inquiétant qu’un danger de survie, parce qu’impalpable.
Les acteurs sont épatants et il y en aura pour les deux genres : toujours jubilatoire de revoir Robert Redford et Faye Dunaway à l’apogée de leurs carrières ! Le film touche aussi par la sobriété des dialogues et des mises en scène.
Bon film, vraiment !