les-grandes-manoeuvres-v2

Film de René Clair, 1955

avec Michèle Morgan et Gérard Philippe

 

 

L’histoire

1914, avant guerre, petite ville de province où se trouve la garnison du 33ème Régiment de Dragons, sur le point de partir en « grandes manœuvres ».

Armand de Laverne, jeune lieutenant de cavalerie, séducteur, virevoltant, enthousiaste, bon tireur au pistolet, lame émérite à l’escrime, joueur de piano… s’embarque dans moult histoires amoureuses sans être capable de choisir. Un soir, il s’épanche auprès de ses camarades :
– Ce qu’il me faudrait, ce serait le coup de foudre, comme dans les romans. Je m’avancerais vers elle et je lui dirais : « Madame… ou Mademoiselle… vous êtes celle que j’attendais. Si vous saviez combien de temps j’ai attendu… Ai-je aimé, jamais ? J’ai cru aimer, mais mon cœur est vierge. Je me sens seul, si seul et savez-vous ce que je me dis chaque nuit dans ma chambre désolée ? ….. »

Il déclame tout cela avec candeur, sans vraiment s’impliquer. Blasé par les conquêtes trop faciles, il accepte l’enjeu d’un pari : être capable de séduire une femme que le sort lui désignera.
Le hasard tombe sur Marie-Louise Rivière, majestueusement interprétée par Michèle Morgan, dont le regard laisse peu de doute sur un autre sous-type en tête-à-tête… Nous y voilà : deux sous-types tête-à-tête se retrouvent face-à-face !
Mais le scénario n’est pas si simple : comme elle a manifestement été meurtrie par le passé, Marie-Louise n’accorde à Armand aucune confiance a priori et joue sur le temps pour avoir des gages de la véracité de ses sentiments  …

Dans une petite ville, les commérages vont bon train et les rumeurs bruissent des recettes de séducteur d’Armand. Marie-Louise apprend ainsi quel coureur de jupons il est, croit qu’elle n’est qu’une proie comme les autres, se met à déchirer son courrier avant même de l’avoir ouvert…
Elle découvre aussi qu’avant elle, il avait promis le mariage à d’autres …

La base Sept

La base sept d’Armand apparaît clairement, elle est même l’objet du film : légèreté des sentiments, égoïsme centré sur le plaisir à court terme, verbe facile, enthousiasme, volubilité… Même dans un duel au pistolet, la légèreté est toujours présente, mêlé à un humour bon enfant.

Le sous type en tête-à-tête

Il s’avère également flagrant. La capacité à séduire est un autre enjeu du film. Alliés, type et sous-type donnent cette fascination ou faculté d’enflammer l’instant présent, de pouvoir communiquer à l’autre sa certitude enthousiaste de l’instant. Avec, comme inconvénient, qu’après avoir entraîné l’autre dans une félicité oratoire à un instant « t », la flamme s’est peut-être refroidie à « t+1 »….

Ce qui m’a touché

L’intensité qui relie ces deux profils tête-à-tête est palpable. On peut ressentir comment ce sous-type peut devenir esclave d’une passion amoureuse.
Etrange film où, après avoir exposé son travers principal, le réalisateur nous montre l’évolution possible du Sept sous-type tête-à-tête qui peut, un jour, renoncer à  un certain infantilisme, dépasser son égoïsme, devenir plus grave, comme s’il avait enfin terminé sa mue d’adolescent, renoncer à la facilité du charme facile pour s’impliquer dans un « être vrai », proie de l’émotion qui risque de dévaster sa lucidité intellectuelle et son habileté verbale. En clair, prendre le risque d’oser aimer vraiment.
Hélas, il a souvent tellement joué de ses élans amoureux que, pour une fois que c’est vrai, il pourrait bien ne pas être cru :
– « J’ai rencontré le premier et le seul vrai grand amour de ma vie… »
– « Tu l’aimes ? Tu es capable d’aimer une femme, toi ? »
Alternant comédie et drame psychologique, ce grand classique du cinéma français qualifié de « Tourbillon étincelant de jeux d’amour et d’humour » par un critique, permet aussi de découvrir à un âge inhabituel des acteurs comme Claude Rich, Brigitte Bardot, Yves Robert et Jacqueline Maillan.

En savoir plus sur :

Le type 7 de l’Ennéagramme
Les 9 types