Film de Joel et Ethan Coen, 2010
avec Jeff Bridges, Hailee Steinfeld, Matt Damon, Josh Brolin
L’Histoire
1870, juste après la guerre de Sécession, aux limites de l’Ouest américain, un employé d’une ferme tue son patron et s’enfuit. Le village ne fait rien, mais Mattie, sa fille aînée de 14 ans décide de le venger.
Deux profils Huit
Alliant humour et humanité, ce film contraste rudesse et délicatesse des rapports humains et nous donne deux personnages en base Huit :
Mattie incarne merveilleusement l’innocence de ce profil. Saine et fraîche, elle possède une sorte de candeur primaire propre à ce profil : un homme a tué, il doit payer. Point final ! Il n’y a pas de si, pas de mais, c’est comme ça. Mattie dégage aussi une forte énergie corporelle, bien dans le registre « Même pas mal, même pas peur ! »Verbe simple, gestes sobres et on y va ! Comme s’agit d’une jeune femme de 14 ans, elle présente ce profil d’une manière moins bêtement virile que d’autres rôles de cinéma.
Jeff Bridges incarne un US Marshall que Mattie va embaucher pour l’aider à traquer le criminel, réfugié dans une réserve indienne. Ce rôle est plus classique pour un homme Huit survie : de la carrure, du punch et de la combativité. Néanmoins, les frères Coen l’ont rendu sympathique dans l’alliage force/tendresse et dans son côté protecteur qui ne se place jamais au-dessus de sa protégée. À noter aussi la sobriété du verbe des Huit qui claque dans sa simplicité. (En 25 ans, je n’ai jamais rencontré de Huit au verbe alambiqué).
Le sous-type social
Ce film nous propose deux éléments rarement aussi bien mis en valeur :
. La vengeance : ce mot est classiquement associé au Huit, mais en français, il porte une connotation très négative. Vouloir se venger, c’est mal. Le film nous force à réfléchir là-dessus et nous montre que ce n’est pas si simple que cela. Socialement, quand une injustice a été commise et que personne ne fait rien, est-ce c’est mal de vouloir réparer « une saleté de comportement ? » D’autant plus que si on laisse courir le malfaisant, il pourrait bien recommencer. Et qui, alors, porterait la responsabilité de ses nouveaux méfaits ?
. Le Huit sous-type social : Ils se veulent généralement des leaders de la résistance luttant pour des causes protégeant les opprimés. Ici, Mattie veut venger son père, mais elle veut le faire par des voies légales. Contrairement à d’autres, elle ne veut pas le tuer, elle veut le traduire en justice. Mieux même, elle a étudié l’affaire juridiquement et elle connaît bien les responsabilités des différents représentants de l’État et jusqu’où vont leurs prérogatives. Si le but est la vengeance, elle est humanisée ici, par ce respect de la loi.
On a donc au final un triple effet kiss cool : la caricature du Huit un peu brut est remise en question d’une part par la fraîcheur de Mattie due à son âge, d’autre part parce que c’est une femme et finalement par son sous-type social qui, lui aussi nous décale de la réputation boum-boum du Huit. Pour ceux qui ont des problèmes à apprécier cette structure de caractère, ce film devrait vous réconcilier avec les Huit ! Bravo à Hailee Steinfeld pour son épatante interprétation.
Personnages insolites, dialogues savoureux, acteurs au top, intérêt Ennéagramme patent, aucune bonne raison de ne pas apprécier True Grit. Bon film !
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