grand-torino-v2

Film de Clint Eastwood, 2008,

avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her

 
L’histoire

État du Midwest américain, époque contemporaine. Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée. Veuf depuis peu, c’est un homme inflexible, amer et pétri de préjugés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même. Ses anciens voisins ont déménagé et son quartier est aujourd’hui peuplé d’immigrants asiatiques qu’il méprise. Jusqu’au jour où il va entrer en contact avec deux adolescents voisins. Cette rencontre marque le début d’une amitié inattendue.

Le sous-type Ennéagramme Survie

Les caractéristiques du profil survie sont partout présentes : . Le cadre du film tourne autour de la maison, des voisins, du territoire, du clan, de l’insécurité, de l’héritage. . Mais surtout, le film propose une réflexion de fond sur la vie et la mort : les sermons des deux enterrements, ainsi que les quelques fois où Walt s’épanche : « La vie et la mort ?… La mort, j’en connais un rayon depuis mes trois ans en Corée. On descendait des hommes… on les taillait en pièces… des mômes de 17 ans… ça restera gravé jusqu’à mon dernier souffle… des souvenirs atroces. »

Le profil Ennéagramme Un

Le premier indice, c’est la colère rentrée. Omniprésente, on la sent chez Walt à fleur de peau. Elle sort de temps en temps, mais elle est le plus souvent contrôlée. On sent une contraction des mâchoires et des lèvres qui essaient d’en limiter l’extériorisation. La scène où son fils essaie de le convaincre de partir en maison de retraite est un grand moment : la caméra montre son visage en gros plan et on voit la colère qui monte, qui monte, qui monte jusqu’à ce qu’il en grogne comme un fauve… et la colère reste coincée entre sa gorge et ses lèvres. Le deuxième indice, ce sont certains classiques du profil Un : la précision, la récurrence de l‘expression : « il faut ». « Ça va, ce matin ? » « Pas ce matin, il est une heure de l’après-midi. » « Il faut faire respecter son territoire. » « Il faut rester calme. » « Il faut prendre du recul. » « Il faut planifier les moindres détails, on n’a pas le droit à l’erreur. » De plus, il y a ce côté inflexible sur les principes et la rigueur. Chacun des outils doit être à sa place, a une fonction bien précise et doit être utilisé à ça. Il y a également un raisonnement binaire dans la personnalité de Walt : agir bien/agir mal semble offrir peu de nuances intermédiaires. Le troisième indice, c’est le sentiment de culpabilité, lui aussi omniprésent. Walt est rongé, dévoré par la culpabilité. « Ce qui hante le plus un homme, c’est ce qu’il a pu faire sans qu’on le lui ordonne. » Finalement, dans la première partie du film, Walt en a un peu contre toutes les imperfections du monde autour qui n’est pas comme il devrait l’être, selon lui.

L’alliance du profil Un et du sous-type Ennéagramme survie

Le mot clé ici, est « Anxiété ». À savoir : désir irrépressible que les choses soient comme je veux qu’elles soient et immense colère à constater que c’est rarement le cas. Colère devant le chaos du monde extérieur, colère devant des comportements qui ne devraient pas être. Colère quand on empiète sur mon territoire, colère quand on enfreint certaines règles. Comportement raide, d’autant plus si l’insécurité vient se mêler au chaos. Alors, je deviens anxieux. Ou plutôt, j’ai de fortes pulsions internes à vouloir corriger le monde extérieur. Pulsions liées à la double peur de l’insécurité et du chaos.

Apprentissage Ennéagramme

Beaucoup d’éléments dans ce film. • La première concerne la confusion possible avec le type Cinq. Pour qui n’a jamais étudié les sous-types, Walt a nombre de caractéristiques qui pourraient faire penser au Cinq : autonomie, parle peu, se contente de peu, vit seul, un côté minimaliste. Pour ceux qui ont exploré les sous-types, il est connu que ces caractéristiques concernent aussi nombre de personnes en sous-type survie, même si elles peuvent faire penser au profil ennéagramme Cinq. • Le deuxième débat possible pourrait concerner la différenciation entre les profils ennéagramme Un et Huit. Notamment autour des mots clé Justice, Colère, Vengeance, Équité. Je suis toujours surpris d’entendre certains se référer à un seul indice pour discerner un profil dominant. « Puisqu’il est dans la vengeance, donc, c’est un Huit. » Aïe, aîe, aîe ! Pour ma part, je pense que la nature humaine est bien plus riche que le meilleur des systèmes. Même si l’ennéagramme est un bien bel outil, il ne saurait être d’une précision mathématique. Pour moi, s’intéresser à l’ennéagramme, c’est s’intéresser à l’Homme. À partir de là, ce qui importe, n’est-ce pas plus un énorme respect de la personne, plutôt que de prouver qu’un système est fiable à 100%. Pour en revenir à Gran Torino, je ne vois pas pourquoi certains Un ne se permettraient pas de jurer de façon ostensible, si c’est le moyen qu’ils ont trouvé pour diffuser leur colère. Je ne vois pas non plus pourquoi la Vengeance serait réservée à un profil. Si l’on porte atteinte à l’intégrité physique d’un enfant, je vois mal la plupart des parents rester indifférents…. Idem avec le mot : Justicier, attribué fréquemment au profil Huit. Mais, souvent, le Huit et le Un se retrouvent autour de l’idée «Justicier réparateur de torts» Leurs intégrités intérieures respectives ne peuvent rester insensibles et leur dominante instinctive va s’activer pour les pousser vers l’action réparatrice. Pour moi, c’est le cas ici : Walt est un profil Un réparateur de torts. Et qui va agir pour transcender la culpabilité qu’il traîne depuis qu’il s’est, un jour, entaché d’un acte coupable. • Le troisième élément concerne la vie de la personne. C’est bien gentil de vouloir répartir les gens en neuf profils dominants, mais cela me semble également cohérent de prendre en compte ce qu’ils ont vécu. Si le seul indice Un que nous avions pu récolter avait été la culpabilité, cela serait loin d’être suffisant pour justifier ce profil. Cet homme, Walt, a fait la guerre. Pendant trois ans. Il y a vécu des horreurs et il en est resté extrêmement marqué. Sa culpabilité pourrait s’avérer celle de quelqu’un de n’importe quel profil, marqué par un événement fort de sa vie. Événement qui a donné à cet homme une empreinte particulière et qui le rend unique, voire assez différent des autres participants du même profil. Cet apprentissage se fait quotidiennement dans les panels de la tradition orale où nous nous efforçons de discerner dans chacun ce qui est caractéristique de son profil dominant et ce qui est caractéristique de son histoire personnelle, et qui le rend unique. Ouf, on peut à la fois utiliser un système qui catégorise neuf dominantes et respecter l’individualité de chacun ! Voire commencer par respecter l’unicité de chacun et pouvoir communiquer avec lui à un niveau plus profond grâce à cette grille de lecture de la personnalité qu’est l’ennéagramme. Merci à Gran Torino d’être le support d’une réflexion sur la quête de sens et de proposer de bien belles valeurs de la nature humaine. Un grand film, vraiment !

En savoir plus sur :

Le type 1 de l’Ennéagramme
Les 9 types