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Film de Claude Sautet, 1995

avec Michel Serrault, Emmanuelle Béart

 

Époque contemporaine, Paris. La colère rentrée est également présente ici.

L’histoire

Ce film est l’histoire d’un retraité, incarné par Michel Serrault, qui vit seul et qui, un jour, prend une jeune femme comme secrétaire pour lui dicter un livre. Jouée par Emmanuelle Béart, cette assistante a environ quarante ans de moins que lui. L’histoire raconte leur rencontre, leur complicité. Lui devient vite jaloux des liens qu’elle peut avoir avec d’autres hommes plus jeunes. Il n’hésite pas à la questionner sur comment s’est conclue la soirée avec tel éditeur avec qui elle dînait pour la première fois.

Les questions sur sa vie privée vont être tour à tour voilées, directes, ou inquisitrices. Curieusement, le mot zèle intervient plusieurs fois. Comme si, indirectement, il cherchait à exprimer toute l’attention, toute la qualité de présence qu’il met dans leur relation et qu’il exigeait qu’elle lui en donne autant, en retour.

La grande majorité des prises de vue sont des tête-à-tête : dans une voiture, un bureau, un restaurant, une chambre. Dans la majorité des cas, les deux interlocuteurs sont face à face. Et, quand ce sont les deux protagonistes principaux, il y a une flamme dans le regard, une étincelle, une intensité brillante. De plus, lorsqu’ils sont ensemble, ils sont comme dans une bulle. Chaque coup de sonnette est ressenti comme une intrusion malvenue qui brise l’intensité de leur intimité. Quand il s’emporte, arrivent les reproches, les remarques insidieuses sur comment elle devrait se comporter, avec des phrases dures comme : « Vous devez agir comme ça… » ce qui sous-entend : « Ce n’est pas bien. Donc c’est mal. Faites des efforts pour mieux faire. ». Quelqu’un d’autre aurait pu dire : « Je souffre dans cette situation. » Malgré ces frictions, tout au long du film, on perçoit qu’ils se sentent bien ensemble et que chacun est heureux de l’émotion qu’il provoque chez l’autre. Jamais le décalage de génération n’est malsain ou incongru. En dépit de la différence d’âge, il y a un vrai lien, une vraie histoire.