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Film de Scott Hicks, 2007

avec Catherine Zeta-Jones et Aaron Eckart.

 

 

L’histoire

Kate est un chef cuisinier qui a entièrement structuré sa vie en fonction de son travail. Le décès de sa sœur la contraint à prendre en charge et à élever sa nièce, Zoé, dix ans. L’apparition de cette enfant va commencer à bouleverser l’organisation de sa  vie.  L’arrivée d’un nouveau sous-chef dans sa cuisine va également contribuer à fissurer les certitudes bien ordonnées du profil UN.

Le profil Un

Le profil Un de Kate se voit  à plusieurs niveaux : un côté raide, rigoureux, méticuleux qui ne sait pas lâcher prise ; un ton raide, un peu dur, voire cassant par moments ; une énorme réticence à déléguer, puisque l’autre risque de ne pas faire aussi bien ; et des principes…
« J’évite de sortir  avec les gens de mon immeuble, c’est une règle !… Et alors c’est mal de s’imposer les règles ? Ce n’est pas comme si j’essayais de tout contrôler, c’est juste que je préfère que les choses se passent sans anicroche, c’est pour ça que je finis par tout faire moi-même… »
Une sensibilité à vif quand on remet la qualité de son travail en question :
« Le client demande que cette pièce de bœuf soit recuite…
– Il est cuit comme il faut !
– Vous ne pouvez pas faire une scène à chaque fois que quelqu’un critique votre cuisine ! »
Son côté raide s’avère parfois pesant:
Pour sa directrice  « Essayez de faire un effort et l’accepter comme il est, il est juste exubérant et un peu de fantaisie ne vous ferait pas de mal… »
Pour son collaborateur : « Tu sais Kate, c’est nécessaire de lâcher prise, j’espère que tu t’en rendras compte un jour. »
Et pour sa nièce : « Tu sais, tu ne devrais pas te forcer à faire autant d’efforts avec moi. »
Sentiment d’incompétence devant son nouveau rôle de mère adoptive qu’elle n’a pas eu le temps d’apprendre : « Je sais bien que je ne fais pas bien, mais je te promets que je fais le maximum. » « Je ne sais pas m’y prendre avec les enfants, il doit y avoir des gens mieux adaptés que moi. »

Le sous-type en tête-à-tête

Le sous type tête à tête se voit, plutôt dans la deuxième partie du film, dans le côté passionné, mais aussi dans le regard intense, ainsi que dans un côté séducteur malgré soi.
La première scène, pendant le générique, est assez symptomatique de l’aspect « union/fusion » du sous-type tête-à-tête avec ce qu’il vit. Kate narre à son thérapeute une recette de caille aux truffes et elle est tellement « en présence à ce qu’elle dit » qu’elle-même et la recette « se confondent ». Le thérapeute, qui est pourtant son interlocuteur, est là sans vraiment être là pour elle. Elle est focalisée à 100% sur l’objet de son attention. La scène est assez rare, parce que le ton de la voix est moins « passionné » qu’il l’est traditionnellement quand les sous-types tête-à-tête sont intensément branchés sur ce qui les fait vibrer.
Le second rôle, Nick, est également clairement en tête-à-tête.


Une interprétation du film

Il pourrait être l’évolution du Un. La dynamique des flèches intervient clairement et le profil Un va s’enrichir des deux côtés. La facette Quatre va s’ouvrir : profondément secouée par le décès de sa sœur, déstabilisée par l’arrivée de sa nièce dans sa vie, Kate va voir émerger des émotions qu’elle va accepter et qui vont ébranler  le « contrôle à tout prix » du Un. Le film offre une scène humoristique illustrant le profil Un complètement désemparé par une émotion lorsque, durant un rendez-vous d’affaires, sa collaboratrice enceinte perd les eaux. Prise par surprise devant un événement fort provoquant une situation un peu chaotique, Kate, émotionnellement touchée malgré elle, flotte un moment avant de prendre la situation en main.
La facette Sept va également s’ouvrir progressivement : plaisir de jouer à des jeux simples comme la bataille de polochons, le monopoly, le mikado. Kate va réapprendre le plaisir, le sens de l’humour, la légèreté de vivre…

Un autre point de vue

Sans exclure cette idée, est le paradoxe du profil Un sous-type tête-à-tête. Ce profil offre une ambivalence. Le côté Un : un certain conservatisme, une volonté à répéter le schéma qui semble juste, un désir « d’écrire un livre de recettes pour la vie, qu’il suffirait d’appliquer »…. s’oppose parfois au sous-type tête-à-tête, plus spontané, plus imprévisible, plus passionné par l’instant que par la rigueur ou les principes. Le film nous propose ces deux aspects l’un après l’autre, mais dans la réalité, les personnes de ce profil voient les deux cohabiter en eux. Souvent, ils vont ressentir une tension intérieure due à deux dynamiques contraires : le « aller vers » du tête-à-tête s’oppose au « freinons les impulsions et la spontanéité » du Un.

Ce qui m’a touché

Le film est à la fois tendre et grave, léger et émouvant. La métamorphose du personnage principal est touchante et crédible. Les différentes manifestations du travers principal sont traitées avec humour et la sensibilité de ce profil joliment mise en scène. L’irruption de la nièce de dix ans peut être interprétée comme la métaphore d’un signe que l’enfant intérieur donne au Un adulte pour l’amener à réapprivoiser cette partie de lui-même.