Film de Gregory Hob Lit, 2007
avec Anthony Hopkins et Ryan Gosling
L’histoire
Lorsque Ted Crawford découvre que sa jeune épouse le trompe, il décide de la tuer…
Quand la police arrive sur les lieux du drame, il avoue immédiatement…
Willy Beachum, le procureur adjoint, sur le point d’intégrer un prestigieux cabinet d’avocats, se voit confier l’affaire. Au premier abord, tout semble simple mais, progressivement, rien ne se passe comme prévu. L’affaire va tourner à la confrontation psychologique entre deux hommes qui ont tous les deux envie de gagner…Entre mensonges et ambition, entre faux-semblants et orgueil, l’affrontement va aller bien au-delà de ce que chacun avait prévu…
Le profil Ennéagramme Trois
Le jeune procureur a nombre des caractéristiques du profil ennéagramme Trois. Efficace, il est fier de ses performances. Mieux encore, il aime pouvoir les évaluer : “97% d’affaires résolues ! ” Ambitieux, il déteste perdre. Il aime aller vite : « Il va vous falloir étudier huit mois de dépositions en quinze jours. » « Pas de problème ! » Son dernier succès repose typiquement sur le côté « Tromperie » du Trois. Il a laissé un adversaire croire qu’il allait accepter un arrangement et bâcler une affaire pour, au final, mieux le duper et le vaincre. « Je n’ai pas été très honnête sur ce coup là » reconnaît-il. Par vanité, il va commettre l’erreur de prendre à la légère le dossier de l’homicide. En tous cas, il va oublier de mettre en œuvre ses flèches. En passant au point Six, il aurait pu se poser de bonnes questions et se demander s’il ne lui manquait pas certaines informations, être plus vigilant ; en passant au point Neuf, il aurait pu laisser cette affaire se dérouler à son juste rythme, au lieu d’accepter le tempo accéléré proposé par son adversaire. C’est un des travers classiques du profil ennéagramme Trois. Pour aller droit au but le plus vite possible, il faut rester centré sur l’objectif et foncer. L’ennui, c’est que, comme va lui faire remarquer son supérieur : « Vous avez été arrogant, vous ne vous êtes pas assez préparé, vous avez manqué de rigueur. » Son profil est tellement évident, que son adversaire va s’appuyer dessus : « Quand on y regarde de près, on a tous un point faible, au risque de produire une faille, tôt ou tard… La vôtre, je l’ai déjà trouvée : vous êtes un battant, Willy. »
Le sous-type survie
La réussite matérielle est un défi. Et elle est urgente. Dans ce film, Willy a beaucoup travaillé, s’est endetté et maintenant, il veut concrétiser cette masse d’efforts. Son nouvel emploi va, enfin, le sécuriser matériellement. « Votre esprit n’est concentré que sur votre augmentation de salaire » lui dit son supérieur. La remarque est rude, mais la sécurité qu’apporte l’argent est souvent essentielle pour les sous-types survie. En ce qui concerne la base ennéagramme Trois, on est moins dans l’image que pour les sous-types tête-à-tête ou social. Paradoxalement, le prestige des marques matérielles va néanmoins compter : la marque de leur voiture va leur montrer quotidiennement soit leur réussite, soit leur manque de réussite.
Apprentissage Ennéagramme : Considérable !
La transformation de Willy est très représentative de l’évolution du profil ennéagramme Trois. À l’instant charnière du film, il va avoir le choix entre bidouiller, fabriquer une fausse preuve ou assumer la vérité. L’intéressant de ce passage, c’est qu’il met en scène la tension qui monte en chacun de nous lorsque la passion du type se mêle à l’inquiétude archaïque du sous-type pour nous pousser à réagir compulsivement. Et, un jour, la vie nous offre un événement charnière qui nous permet de dire « Stop ! » Au paroxysme de la tension, Willy va résister, préférer accepter la vérité réelle plutôt que d’arranger une vérité virtuelle. Assumer l’échec plutôt que de fuir dans un jeu de rôle. Être authentique dans sa tristesse, dans le sentiment de ne plus rien valoir, plutôt que de poursuivre sa course effrénée vers le succès. Renoncer à trouver un truc pour sauver la face, faire le deuil de la croyance que « Si je veux, je peux tout. » Passé le deuil, le Trois gagne alors en humanité, élargit son regard sur l’autre, accueille la vie au lieu de vouloir courir le plus vite possible pour accomplir le maximum de choses. Il va alors décider de mettre son énergie au profit du bien-être des autres plutôt que de rester focalisé sur sa petite personne. « Vous devriez vous occuper un peu de vous » lui dit-on. Sauf que Willy n’a plus envie de son comportement narcissique, il a évolué : « Non, ça, c’est ce que je faisais avant… »
Le choix de Willy nous montre le chemin de la transformation. Au moment où la tension intérieure nous pousse à réagir dans nos automatismes, comment faire pour trouver la force de résister, pour apprivoiser cette tension, pour lui donner le temps de retomber ? Chaque jour, la vie nous donne plusieurs de ces instants de résistance possible à nos automatismes. L’ennéagramme permet à chacun de nommer assez rapidement son travers principal. La force du sous-type, c’est de définir sa réalité : déceler les formes que prend le type dans le quotidien. Une bonne connaissance du sous-type permet alors d’anticiper ces moments où la tension va monter. C’est peut-être la plus grande richesse de ce film : prendre conscience que la tension intérieure est la manifestation de notre réactivité à venir. Helen Palmer estime que devenir conscient de cette tension est le premier pas sur le chemin de la transformation. Ce film semble en être la démonstration. Bon film !