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Film d’Anthony Minghella, 1997

avec Ralph Fiennes, Juliette Binoche

Histoire

1945. La guerre touche à sa fin. Déchirée par le terrible conflit, Hana (Juliette Binoche), une jeune infirmière, se retire dans un monastère abandonné en Toscane. Dans sa retraite, elle emmène un malade amnésique (Ralph Fiennes) qui a été entièrement défiguré au cours d’un accident d’avion.

Les trois principaux rôles de ce film ont été autant de bonnes raisons de retenir ce film dans la sélection représentant les profils tête-à-tête. L’histoire d’amour entre le comte Almasy  (Ralph Fiennes) et Katherine Clifton (Kristin Scott-Thomas) est un modèle de la passion qui peut unir deux personnes de ce sous-type. Mais c’est le rôle d’Hana, auquel nous allons nous intéresser pour illustrer le Neuf tête-à-tête.

Le profil neuf

Première caractéristique Neuf : l’écoute. Ce film est son histoire, mais finalement, ce n’est pas elle l’héroïne principale. C’est au travers de son écoute, que l’histoire va se raconter. On retrouve fréquemment ce phénomène avec cette base : ils peuvent être les personnages centraux de l’histoire sans être vraiment au premier rang, sur le devant de la scène. Autres indices Neuf : Hana incarne une présence douce, qui n’en peut plus de ce conflit, qui a du mal à dire non, qui recherche la paix, le calme. Plusieurs fois, elle va se trouver en situation d’entendre de grandes douleurs. Elle va accueillir ces récits de souffrance avec calme et pondération, avec cette gestion du temps si caractéristique des représentants de ce profil. Ils savent, plus que d’autres, prendre le temps d’accueillir les mots de l’autre. Leur donner l’espace pour qu’ils prennent leur place, au lieu d’exprimer rapidement leur avis. Quand elle parle, c’est le plus souvent avec des mots simples, sobres et doux. Pendant les quelques mois sur lesquels s’étale le film, elle laisse les choses se faire, s’accomplir en leur temps. Hana s’oublie : alors qu’elle veille son malade tard le soir, il lui demande : « Pourquoi restez-vous si tard ? »

Le sous-type Tête à tête

Quant au tête-à-tête, il est partout. Chaque fois qu’elle regarde quelqu’un, il y a de la flamme dans son regard. Ce regard est probablement le moins perçant de tous les profils tête-à-tête, mais il est néanmoins soutenu. Souvent, ce regard est accompagné de silence : « Je veux créer un lien fort avec toi » dit le tête-à-tête avec son regard ; alors que le type Neuf ne sachant pas trop quoi dire, se tait. On va retrouver, dans son tempérament, le côté séduisant, capable de créer rapidement une certaine intimité, propre aux tête-à-tête. La relation qu’elle entretient avec son patient dépasse très clairement la relation normale patient/infirmière. Elle n’est pas amoureuse de lui, mais elle a, avec lui, ce lien privilégié propre à son sous-type. L’ambivalence entre le aller vers du sous-type et le laisser faire du type va se retrouver en plusieurs occasions, comme une autre contradiction apparente entre avoir du mal à dire non et exprimer ce que je veux. Par exemple, dès la première scène, on voit Hana dans un train, gérant facilement plusieurs blessés à elle seule, mais incapable de dire non à l’un deux qui lui réclame un baiser. Un peu plus tard, elle n’arrive pas non plus à dire non à son amie qui lui demande de l’argent pour aller acheter de la dentelle au village voisin. D’un autre côté, elle saura se décider rapidement pour exiger qu’on la laisse soigner tranquillement son patient mourant. Un jour, Caravaggio, un italien qui prétend connaître l’identité du mystérieux « patient anglais » s’immisce dans la vie des deux ermites. Là encore, elle ne va pas parvenir à dire non. Plus tard, elle regrettera : « Je préférais le temps où nous n’étions que tous les deux » dira-t-elle à son patient. Quand Caravaggio et son patient se racontent leurs doléances, elle écoute, sans intervenir, sans jugement.

Ce personnage Neuf tête-à-tête qui allie douceur, fermeté et séduction dans un « rôle central qui ne prend pas toute la place à lui tout seul » se retrouve assez fréquemment au cinéma, notamment dans certains rôles de Catherine Deneuve, comme Indochine ou dans ceux de Grace Kelly comme Fenêtre sur cour. Un rôle masculin serait celui de James Stewart dans l’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock.