Film de Clint Eastwood, 2005
avec Clint Eastwood, Hilary Swank
L’histoire
Salle de boxe aux fins fonds de Los Angeles. C’est un rôle du Huit parce qu’il y est question de combativité. C’est un film survie au sens où il est question de sensations corporelles, de fatigue, d’efforts physiques, d’odeurs, de vie et de mort. Hilary Swank gagnera l’Oscar 2006 du premier rôle féminin pour cette interprétation.
Une jeune femme, la trentaine, un peu paumée, qui n’a rien d’autre qu’un poste de serveuse dans un petit restaurant de quartier, se met en tête de devenir boxeuse. Caractéristique : elle est combative. « Je suis née comme ça. Je ne pesais que deux kilos à la naissance, j’ai dû commencer à me bagarrer pour venir au monde. » Son entraîneur va lui réapprendre à habiter son corps : bouger à bon escient, esquiver, rester en équilibre, fléchir les genoux, se battre en avançant, se battre en reculant, encaisser la douleur, respirer, dépasser la fatigue. Lors des entraînements, le jeu de jambes ressemble à une danse. Dans les relations humaines, les mots sont rares, la relation à l’autre est kinesthésique. Quand une situation est délicate, pas de raffinement intellectuel, les mots sont crus et vont droit au but : « Si vous avez fait semblant de vous trouver par hasard dans ce restaurant pour me débaucher de mon entraîneur actuel, alors ce n’est pas la peine, je ne le quitterai jamais. » Demi-tour, sortie du restaurant. L’interlocuteur n’a même pas eu le temps de dire bonjour ou d’esquisser un mot. Pan. Les combats qu’elle mène sont du même acabit : directs. Les coups tapent fort et vite. Les combats se gagnent par KO au cours du premier round. Dans sa réactivité corporelle, on retrouve l’immédiateté impulsive du profil Huit. D’un autre côté, il y a de la chaleur humaine derrière la pudeur, des sentiments derrière les non-dits.
On retrouve aussi le clan qui se restreint ici à trois personnes : boxeuse, entraîneur, et gardien de salle. La fin du film est une histoire de vie et de mort, de combat entre la vie et la mort.
C’est un film qui montre un sous-type survie un peu extrême : centré sur son corps et son métier. Et toute la simplicité qu’engendre une telle vie : pas de contraintes sociales ou de jeux de séduction. Symboliquement, ce film montre combien il est important qu’un Huit exprime son agressivité. On voit bien combien cette agressivité aurait pu détruire cette jeune femme de l’intérieur si elle n’avait pas trouvé la boxe pour l’extérioriser.