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Film de Bruno Podalydès, 2015,

avec Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kimberlain

 

 

L’histoire

Michel, la cinquantaine, est infographiste. Passionné par l’aéropostale, il se rêve en Jean Mermoz quand il prend son scooter. Et pourtant, lui‐même n’a jamais piloté d’avion…

Un jour, Michel tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C’est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak en kit et tout le matériel qui va avec. Michel pagaie des heures sur son toit, rêve de grandes traversées en solitaire mais ne se décide pas à le mettre à l’eau. Un jour sa femme découvre tout son attirail et le pousse alors à larguer les amarres.

Michel part enfin sur une jolie rivière inconnue. Il fait une première escale et découvre une guinguette installée le long de la rive. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de la patronne Laetitia, de la jeune serveuse Mila, et de leurs clients ‐ dont la principale occupation est de bricoler sous les arbres et boire de l’absinthe. Michel sympathise avec tout ce petit monde, installe sa tente pour une nuit près de la buvette et, le lendemain, a finalement beaucoup de mal à quitter les lieux…

Le type Cinq

Il y a chez les Cinq une capacité à fantasmer la réalité. Les élucubrations mentales sont enivrantes. C’est d’ailleurs le métier de Michel : il imagine et met en forme de l’architecture en trois dimensions. Mais avec Michel, cela va plus loin. Lors de son travail, il part littéralement dans sa tête et ses collègues le regardent d’un drôle d’air lorsqu’ils sentent qu’il n’est plus vraiment là, perdu dans son mental.

Ses divagations mentales vont prendre une tournure encore plus marquée lorsqu’il va se passionner pour le kayak. Pendant longtemps, tant au bureau que sur son toit à s’entraîner, il va s’imaginer pagayer sur l’eau.

Le type Cinq se voit aussi lors de l’anniversaire surprise organisé par sa femme et ses amis. Pour un représentant de ce profil, c’est le cauchemar absolu. Etre au centre de la scène, au milieu d’émotions fortes et, pour couronner le tout, pris par surprise.

Au niveau de la sensiblilté, on retrouve ce côté prude, pudique, timide, un peu gauche dans la relation, mais bourré d’émotions qui n’arriveront pas à sortir autrement que par bribes de mots égrenés parcimonieusement.

Chez les Cinq, (Comme pour les Sept), une des problématiques est le passage à l’acte. Le fantasme d’une situation peut se suffire à lui-même. Pourquoi passer à l’acte si le plaisir virtuel de la tarte aux fraises est meilleur que le goût de la vraie tarte aux fraises ? Aussi Michel va t-il rester longtemps à pagayer sur son toit, sans rien dire à sa femme -par pudeur- et il va falloir que celle-ci, un jour, se décide à le confronter à la situation pour qu’il l’emmène sur le toit et lui montre l’objet de son obsession. Et c’est elle (sinon, il serait toujours sur son toit), qui va le pousser à incarner son désir.

Dans son kayak, il est toujours dans sa tête ! A un moment, il va s’installer pour prendre un verre le long de la rive, attiré par une table et des chaises, commander une bière à la femme qui vient le voir, boire sa bière, demander à la femme pourquoi elle s’est assise à sa table et tomber du ciel quand il va entendre qu’il est chez elle et que c’est une propriété privée et non pas un café. Il y a souvent ce côté « Professeur Tournesol » chez les Cinq.

Le sous-type survie

On pourrait arriver à cette conclusion par défaut : Michel n’a rien du tête-à-tête et encore moins du social. Au contraire, il a une vie simple : un travail, un domicile, une moto, une épouse. Quelques contacts avec ses collègues. Point final. C’est l’incarnation du Cinq survie. Une vie qui pourrait basculer dans « l’avarice » : se contenter du minimum vital en terme de dépense d’énergie, de mots, de contacts, d’affection. Le pire du Cinq, c’est l’huitre qui se replie dans sa coquille : minimalisation des besoins et ne plus sortir.

Apprentissage Ennéagramme
  • La femme de Michel (Sandrine Kimberlain) est son clone féminin, également Cinq survie. Et le réalisateur va nous toucher par cette vie de couple où les mots sont rarissimes et où l’on va être amené à s’aimer par petites touches délicates. Lorsque, finalement il entreprend son aventure solitaire, il découvre ce qu’elle va faire pendant ce temps, mais si elle n’en avait rien dit, il aurait pu partir sans même le savoir.
  • Pour une fois, le passage sur l’un des comportements des flèches est significatif. Le réalisateur nous montre non seulement un profil Cinq dans toute sa splendeur, mais il nous montre aussi le passage au point Sept. Alors, le Cinq sait faire preuve de légèreté, succombe aux plaisirs, démontre un certain humour, joue avec la vie.
  • Le film est à la fois léger et touchant et, si l’on n’éclate de rire qu’une ou deux fois, on sourit souvent et on se laisse charmer par cette bonhomie simple et sans chichis de ce profil Cinq, bien attachant.

Bon film !

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