La La Land V2

Film de Damien Chazelle, 2017

avec Emma Stone, Ryan Gosling

 

 

L’histoire

Au cœur de Los Angeles, Mia, une actrice en devenir, sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?

Au premier niveau, on se demande comment cette comédie musicale pour midinettes a pu remporter huit Grammy Awards et être l’un des favoris aux Oscars. Certes, le film est beau, touchant par moments, les temps de chant et de danse joliment insérés. De plus, les acteurs sont formidables de sobriété et de justesse. Et les images, l’air de rien, sont toujours idéalement filmées. Avec tout ça, la plupart des spectateurs se laissent charmer.

Trois Sous-type Tête-à-tête

Au niveau de l’ennéagramme, l’intérêt, dans un premier temps, semble faible. Oui, le sous-type en tête–à-tête est flagrant. Cette jeune femme en offre toutes les caractéristiques : le regard, une certaine intensité, la passion, du sex-appeal… Mais bon, cela ne suffit pas vraiment à justifier une analyse de film.  Et puis, dans la deuxième moitié du film, le nombre de caractéristiques de la Base Trois s’additionne pour en faire un des films les plus pertinents sur ce profil.

Pour ne citer qu’un argument, évoquons la réussite. D’après le Larousse : « Résultat favorable ; entreprise, œuvre qui connaît le succès. » C’est l’un des mots les plus forts concernant le profil Trois. Dans le cinéma comme ailleurs, nous n’en voyons trop souvent que la caricature : requin capable de tout pour arriver à ses fins. Ce film nous en montre d’autres aspects : réussir sa vie professionnelle sans faire de mal à personne et devenir un excellent professionnel dans son métier. Voire, réussir sa vie de couple en faisant passer sa vie professionnelle au second plan. Même s’il n’est pas du même profil, Sebastian est également concerné par ce schéma, mais pas de la même façon. Pour lui, il est question d’aller jusqu’au bout d’un projet qui lui tient à cœur, sans forcément devenir une vedette et sans forcément gagner de l’argent. Voilà qui est nouveau : « Réussir » peut se décliner au niveau de « S’accomplir ».  Et s’accomplir passe par des phases de doute. Pourquoi renoncer à une gentille petite vie matériellement satisfaisante pour aller jusqu’au bout de son rêve ? Et si le rêve n’était qu’un rêve ? Je ne suis pas un profil Quatre, moi, j’ai les pieds sur terre ! Et un « tiens » vaut mieux que « deux tu l’auras ».  Alors pourquoi ?

Le film va encore plus loin. Toujours dans la ligne du mot « réussite », il évoque le Graal de ce profil. Le chemin de vie du Trois ne consisterait-il pas en la transformation d’un « petit ego vaniteux qui cherche à  briller » en un « Soi accompli qui ne dépend plus du regard de l’autre » ? Ne plus utiliser ses compétences à créer du lien pour se rassurer, mais s’en servir pour mieux pousser l’autre vers son propre accomplissement. Sacrifier une relation sympa à court terme pour aider l’autre à s’accomplir.

Tout au long du film, chacun des deux protagonistes va se retrouver dans la situation du Trois en tête-à-tête qui utilise son pouvoir de conviction, une louche de séduction, ses capacités à maximiser le lien pour aider l’autre à y croire, à aller chercher son désir profond pour s’aligner dessus. Et plusieurs scènes évoquent le nécessaire discernement à rajouter : est-ce que je fais ça pour me faire aimer de l’autre ou est-ce que je fais ça pour son bien ? Cette question a l’air simple mais, pour un Trois, dans le perpétuel capharnaüm d’émotions internes qui l’habitent, pas toujours facile de faire le tri et d’y voir clair à ce niveau.

Beau film, qui devrait changer notre regard sur la complexité émotionnelle de ce profil : oui, le Trois peut avoir accès à une certaine profondeur d’émotions et a, plus souvent qu’on ne le pense, une bien jolie fibre altruiste.