Le Grand Bain

Film de Gilles Lelouche,2018

avec Matthieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelevoorde, Jean-Hughes Anglade, Virginie Effira, Leïla Bekhti, Philippe  Katerine…

Allez prendre un bain !

Étonnant, émouvant, bien ficelé, vive le Grand Bain !

Pour la première fois depuis « Le Prénom », j’ai eu envie d’analyser un film à plusieurs rôles typiques. Qu’il ait ou non suivi de stage Ennéagramme avant de réaliser ce film, Gilles Lelouche  a su écrire des rôles d’une formidable cohérence en termes de structures de caractères…

L’histoire

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

Analyse

La trame du film correspond plutôt à l’archétype Six : il est question de fragilité humaine, de trouver du sens, de s’entourer d’une garde rapprochée d’amis pour gagner en confiance, de se sentir moins seul face à l’incertitude, d’oser évoquer ses failles, de se sentir davantage épanoui dans un environnement sécurisé et surtout : face à plus fort que soi, il est essentiel de dépasser ses peurs et de convertir son énergie en courage !

Le florilège des rôles est étonnant. J’ai retenu principalement :

Benoît Poelvoorde, dans un rôle de Trois survie dans une mauvaise passe. On oublie trop souvent que le trois n’est pas qu’un battant. Il peut, aussi, se laisser déborder par ses émotions et tomber dans le schéma Duperie/Tromperie où il va faire croire (autant aux autres qu’à lui-même) qu’il va s’en sortir pour fuir la dévastation que serait un échec. Le film le montre en vendeur de piscine jouant de tous ces « mensonges » d’auto-persuasion.

Virginie Efira, joue, elle, un rôle de Trois tête-à-tête qui se leurre de vivre une histoire d’amour alors que son chéri ne veut pas d’elle et ne cesse de le lui dire depuis deux ans. Mais, là encore, l’auto-persuasion que cette histoire existe est un pis aller moins terrible que d’assumer la réalité.

Leïla Bekhti est dans un rôle de Huit survie qu’elle incarne avec maestria. Maltraitée par la vie, elle choisit de surjouer de sa force pour dépasser la vague de ses émotions. Magnifique dans ce schéma d’adjudant chef qui aboie…

Philippe Katerine joue un rôle de  Quatre créatif, passionné, sensible qui lui va à merveille.

Matthieu Amalric, dans une période dépressive, montre de grands élans affectifs et une sensibilité plutôt Quatre survie.

Jean-Luc Anglade est touchant dans un rôle de Sept survie. Vouloir vivre une vie de marginal qui veut rester libre à tout prix est plutôt sympathique jusqu’à la quarantaine mais, ici, on voit un cinquantenaire qui perdure dans une obstination un peu infantile de liberté (qui vit seul dans un camping car pour ne pas s’incarner vraiment dans la vraie vie) et qui va se faire recadrer par son ado de fille déjà plus adulte que lui.

Guillaume Canet, est dans un rôle de Monsieur je sais-tout,  pourrait faire penser au profil Un, avec son côté cassant et rigide.

 

Encore bravo et merci à Gilles Lelouche pour évoquer la fragilité de la nature humaine avec autant de délicatesse.