1966, Film de Gérard Oury

avec Bourvil, Louis de Funès, Marie Dubois

 

Historique

Avec ses 17 millions de spectateurs, La Grande Vadrouille a longtemps été le numéro 1 du box-office français. Il sera dépassé en 1998 par les 21 millions d’entrées de Titanic. Il est à ce jour troisième au palmarès des films français les plus vus en France, précédé par Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchables.

 

Son succès est notamment dû à l’esprit qui l’anime : humour et légèreté. À sa sortie, il permet une catharsis, forme de libération affective : c’est la première fois que l’on s’autorise à rire de la deuxième guerre mondiale. La pression accumulée depuis vingt ans sort sous forme de fou-rires et les spectateurs qui ont vécu la guerre, ses drames et ses privations en ressortent allégés.

 

Synopsis

En 1942, un avion anglais est abattu par les Allemands au-dessus de Paris. Les trois pilotes sautent en parachute et atterrissent dans différents endroits de la capitale. Ils sont aidés par deux civils français, un chef d’orchestre et un peintre en bâtiment qui acceptent de les mener en zone libre qui deviennent ainsi, malgré eux, acteurs de la Résistance.

 

Bourvil, étonnant dans son rôle d’Augustin Bouvet, peintre en bâtiment, profil Ennéagramme Six phobique.

Les mots « peur et doute » à la base de la structure de ce profil Ennéagramme sont peu ragoûtants et lui donnent une connotation négative. Bourvil va en rehausser l’image. Certes, il tremble à l’idée d’être capturé, mais il va préférer l’affronter plutôt que de la subir. Si la peur ne donne pas des ailes, elle peut être moteur d’action. Tout au long du film, les deux opposés vont s’alterner : trembler et agir, aller de l’avant envers et contre tout. La loyauté est également de la partie. Une loyauté pas forcément héroïque, plutôt nécessaire, mais également motrice. Une fois pris le parti de sauver ces anglais, il faut à la fois surmonter ses peurs intérieures et le réel danger à l’extérieur. Les tribulations de cette traversée de la France jusqu’en zone libre donnent lieu à des scènes culte, comme l’anniversaire du général allemand où se succèdent sidération, effroi, paralysie et jeu de rôle.

Au niveau du sous-type, il y a confusion entre sous-type de l’acteur, probablement tête-à-tête et celui du rôle, plutôt survie. Les deux incarnations se mêlent : il y a de la force/beauté dans les yeux doux de Bourvil envers Juliette et, d’autre part, de la chaleur humaine de proximité dans sa bonhommie et sa délicatesse.

 

Louis de Funès, dans le rôle de Stanislas Lefort, chef d’orchestre à l’Opéra de Paris, profil Ennéagramme Six contrephobique

Helen Palmer disait souvent que la ressemblance comportementale entre les profils Huit et Six contrephobique était l’une des failles du système et qu’il fallait d’autant plus creuser la motivation de fond pour établir la différence entre ces deux profils. Dans les deux cas, on peut retrouver une forme extérieure de « même pas mal, même pas peur ». Là où le Huit agit ou réagit instinctivement, les actions du Six contrephobique vont souvent se doubler de :

. Tics de nervosité

. Accélération du débit verbal

. Justifications mentales : puisque ci, donc ça

On retrouve tous ces éléments dans la scène de la fouille du bureau du chef d’orchestre, où le mental de Louis de Funès s’emballe et où il montre avec force gesticulations les différentes cachettes possibles pour prouver son raisonnement… avant d’ouvrir par mégarde le tiroir où est caché le parachute !

L’expression générale de ce profil est de gérer ses peurs en fonçant vers le danger. C’est le cas, ici, même si l’acte est inconscient. Prendre le leadership se justifie par toutes sortes de dialectiques, plus ou moins étayées. Le film nous offrira un bon nombre de : « parce que… »

 

Comparaison

Le contraste entre ces deux formes de gestion de ses peurs est l’un des intérêts du film. Éviter le danger par la discrétion et l’attente de nouveaux éléments s’oppose à éviter le danger en prenant le taureau par les cornes ! Les second-rôles sont épatants avec notamment Marie Dubois dans son incarnation de profil Ennéagramme Sept tête-à-tête, et les anglais avec ou sans moustache ! La mère supérieure dans un rôle de Huit survie nous montre son côté protecteur derrière son apparence rude et sa prise de parole pour le moins assertive.

 

Conclusion

Le film se regarde toujours comme en témoignent certains spectateurs : : « Incroyable de voir à quel point ce film a traversé les ans, et comment les situations comiques continuent de fonctionner. L’inoubliable duo de Funès-Bourvil, jouant des personnages à l’opposé mais totalement indissociables tant ils sont complémentaires. Le scénario, la mise en scène, l’action sans aucun temps mort, tout confère à cette œuvre un rang exceptionnel dans l’histoire du cinéma. Et même si l’on connaît l’histoire par cœur, le plaisir reste le même à chaque visionnage. » Ou : « Classique indémodable du cinéma français vu cent fois, et avec toujours le même bonheur. André Bourvil et Louis de Funès ont livré le meilleur de leur talent dans ce joyeux mélange de comédie familiale et de film de guerre, truffé de scènes qui font désormais partie de la mémoire collective du cinéma français populaire. »

 

Bon film !