Série TV La Diplomate, actuellement sur Netflix
Diffusée depuis fin avril 2023, de Deborah Cahn, avec Keri Russell, Rufus Sewell , David Gyasi, Ali Ahn
Bien rythmée, aux dialogues ciselés, cette série surprend par sa cohérence tant humaine que géopolitique. Depuis sa sortie il y a un mois, les éloges sont tels qu’une deuxième saison a été entérinée moins de 15 jours après la première diffusion. La performance de Keri Russell dans le rôle principal est particulièrement saluée par ses pairs. Au niveau de l’Ennéagramme, trois bonnes raisons de regarder ces huit épisodes de 50 min
. Profiter d’une description sympathique de «l’inadaptabilité du type 1 sous-type social
. Différencier le profil Un et le profil Huit
. Mieux appréhender le sous-type social
L’histoire
Au milieu d’une crise internationale, une diplomate se retrouve parachutée Ambassadrice des États-Unis à Londres. S’il s’agit de négociations entre états, les tractations sont évidemment menées par des hommes et des femmes, avec leurs personnalités et leurs convictions morales. Pour notre ambassadrice Kate Wyler, s’ajoutent à cela des répercutions sur sa vie de couple.
Le profil Un sous-type social
Keri Russell a du maintien, ce qui demeure un de mes premiers indices pour détecter une personne de ce profil. Un buste droit, une posture corporelle bien ancrée dans le bassin. À peine amplifiée, cette contenance peut donner l’apparence d’une certaine raideur. Ce qui ne sera pas le cas, ici.
Par ailleurs, Keri est souvent en colère, parce qu’elle n’est pas d’accord avec les soi-disant nécessités du monde social : ronds de jambes, accommodations et autres compromissions. De son point de vue, on doit non seulement bien faire son boulot, mais le faire avec éthique. Nous voilà au cœur de l’inadaptabilité : pas de concession avec la droiture. Et la colère va naître de ce décalage entre les exigences de son sous-type social : patience, adaptation, conformisme et le côté carré de son type 1 : il n’y a qu’une bonne façon de faire.
La majorité des films qui mettent en scène un représentant de ce profil respectent son côté moraliste n’en montrent que le côté rigide : les pasteurs dans les westerns d’autrefois, Anthony Hopkins dans le rôle du maître d’hôtel dans les Vestiges du jour, l’infirmière dans Vol au-dessus d’un nid de coucou… Ici, au contraire, la réalisatrice va mettre en lumière le bon côté de cette personnalité, et cette colère saine nous enthousiasme le plus souvent. Agir sainement en conformité avec ses valeurs contre le système demande de la détermination et du courage. Cette colère semble donc justifiée. Keri Russell serait-elle de ce profil dans le civil ? En tous cas, pas d’erreur de casting, elle est taillée pour ce rôle. Du haut de son 1,63 m, sort une énergie percutante qui détonne dans ce monde d’hommes plutôt policé. Si les « Il faut, je dois » ne sont pas forcément verbalisés, ils sont néanmoins omniprésents. Cette détermination lui rend service dans ce monde d’hommes. Là où d’autres femmes pourraient hésiter ou la jouer soft, notre héroÏne s’appuie sur son jusqu’au boutisme pour avancer.
Le fait que certains Un expriment leur colère peut étonner mais, au fond, tout au long de leur vie, les représentants de ce profil oscillent entre exprimer sa colère ou la retenir. Et leur chemin d’évolution passera sûrement par oser l’exprimer plus souvent, à bon escient.
Le rythme du film souligne aussi le besoin du type Un de faire. Au-delà de ses préoccupations de vouloir s’améliorer et améliorer le monde, les journées du Un sont avant tout hyperactives, il y a tant de choses à accomplir… Merci à cette série de le rappeler.
L’autre sens du mot Inadaptabilité est un nouveau dilemme : accepter de perdre une amitié humaine/un lien affectif parce que la cause l’exige. C’était d’ailleurs le sujet central de la série The Crown.
Différencier le profil Un social et le profil Huit social
Le type Un de Kate Wyler s’oppose souvent au type Huit social de son mari Hal. Les états d’âme de Kate sont contrastés avec le côté fonceur d’Hal. Contrairement à d’autres figures du Huit social comme Marlon Brando dans le Parrain, l’apparence extérieure compte peu pour Hal. Son sous-type social se manifeste plutôt par ses relations et son carnet d’adresses. Il sait qui est à quel poste, qui a l’information qu’il recherche, qui apprécie qui, qui voudrait grimper dans la hiérarchie, qui est soutenu par qui… En plus, il parle plutôt cash et est apprécié pour cela. Connaître les intrigues, savoir influencer, déstabiliser par des rumeurs font partie intégrantes des caractéristiques de ce sous-type. Reste à voir l’utilisation que vous en faites.
Ces deux personnages sont clairement de centre corps. Agir sur le monde prime sur analyser le monde. Le contraste se joue sur le « frein aux impulsions » du profil Un envers « le manque de frein aux impulsions » du profil Huit. En général, la colère du Un est plutôt rentrée, suivie de culpabilité, alors que la colère du Huit est plus facilement exprimée, sans états d’âme a posteriori. Ici, Kate incarne un personnage qui ose lâcher sa colère, pour peu qu’elle soit justifiée pour faire avancer le monde dans le « bon » sens. Au fond, sa colère lui sert de moteur à l’action.
Mieux appréhender le sous-type social
La série nous rappelle que le métier de diplomate nécessite les compétences de ce sous-type. Entre présidents, premiers ministres, ambassadeurs, secrétaires d’État et services secrets existent des codes, des phrasés pleins de sous-entendus qui doivent être utilisés sous peine d’être discrédité. On n’est pas censé se parler directement « avec des vrais mots », on doit fait passer des messages en langage diplomatique. Le plus souvent, ce ne sont pas deux vraies personnes qui se parlent, mais plutôt deux acteurs jouant le rôle qui leur est assigné par leur hiérarchie. La série dynamite un peu ce monde feutré avec un scenario palpitant qui va nécessiter un dialogue plus entier. Mais la trame demeure sociale : intrigues, leurres, lignes de force, individus alliés acceptant de livrer des informations au camp ennemi, repérage de clans à l’intérieur d’un groupe, alliances et désalliances…
Conclusion
Très bien écrit, rythme trépidant, décors soignés, bonne qualité d’image, acteurs épatants, un zeste d’humour, on ne s’ennuie jamais et la cohérence des profils Ennéagramme étonne. Deux second-rôles intéressants
. Austin Dennison en 7 social qui souligne l’utilisation de l’humour dans les situations délicates de ce profil
. Eidra Graham en 8 sociale pêchue, son comportement est assez proche de celui d’Hal Wyler, dans une version féminine
Bonne série !