Vive le printemps ! Il offre des instants où les yeux et le coeur sont touchés par une vérité simple. Ce matin, un magnolia, hier nu, éclaboussait de grosses fleurs joyeuses…
Dans l’Ennéagramme, je vois comme premier instant magique la découverte de son profil dominant. C’est un “Euréka !” qui change tout. Le film de sa vie passée repasse avec un éclairage différent. Il y a un déclic, une nouvelle perspective sur soi-même et sur les autres. Les schémas que l’on a trop souvent répétés deviennent clairs. On les regarde aujourd’hui vu du dessus et on voit comment sa vie pourra être différente…
Cet instant est d’autant plus magique, d’autant plus fort, que la liberté et la responsabilité de chacun ont été respectées. En clair, un test Ennéagramme ou quelqu’un qui vous pose trois questions et en vous mettant dans une boîte avec un numéro vous prive :
1 De votre responsabilité de pouvoir choisir votre type par vous-même
2 De votre liberté de pouvoir faire ce choix à votre rythme
3 De la puissance de cette prise de conscience
Le courant transpersonnel, souvent confondu avec l'”École de Palo Alto” est une révolution des années soixante. Il considère notamment que les métiers d’accompagnement devraient tendre vers une co-création entre thérapeute et client ou entre coach et coaché. Une co-création d’égal à égal. Adieu la domination de celui qui sait sur celui qui ignore. Vive la liberté et la responsabilité du participant à être acteur de son développement ! La tradition orale de l’Ennéagramme s’est toujours inscrite dans ce contexte. Oui, on va, pendant deux jours, prendre le juste temps que chacun, en fonction de différents exercices, puisse se positionner à son rythme, avec le soutien tant de l’animateur que des autres participants. A posteriori, de nombreux participants prétendent que le bienfait qu’ils ont tiré de l’Ennéagramme est probablement proportionnel au temps qu’ils ont mis à découvrir leur profil dominant. Je ne suis pas sûr d’en faire une généralité, mais bon, l’esprit est là. J’estime que, dans l’Ennéagramme, le type est moins important que le chemin qu’il nous permet de parcourir. Et je considère que la quête du type est un moment absolument fondamental dans la prise de conscience du “Qui suis-je ?”. Dans le code de déontologie de l’International Enneagram Association, il était clair que l’Ennéagramme était d’abord une remise en question de soi et qu’il fallait éviter à tout prix de dire à l’autre ce qu’il était, ni par oral, ni par test. Cette charte n’avait pas été mise au point par des rigolos : Helen Palmer, David Daniels, Don Riso, Kathy Hurley, Ted Dobson… Rien que pour ces cinq là, un siècle et demi de développement personnel et de travail sur soi intensif !! Alors, comment se fait-il qu’en France, quinze ans plus tard, ceux qui respectent ce principe de non typer l’autre (et surtout pas avec un test) se fassent de plus en plus rares ? Pourquoi faudrait-il typer vite ? Quel est l’intérêt ? Quel est le sens ? Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse. Pour ma part, je crois que les fleurs du magnolia n’auraient pas eu le même éclat si elles n’avaient pas pris leur juste temps d’hibernation avant d’éclore.
Vive le printemps !