Différencier le type Huit du type Six contrephobique

   

1981 de Claude Miller, avec Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider

 

L’Histoire

Le soir du 31 décembre, Jérôme Martinaud, notaire, est convoqué au commissariat afin de témoigner sur l’assassinat de deux petites filles. Les inspecteurs Gallien et Belmont, persuadés de la culpabilité du notable, le mettent en garde à vue. Gallien essaye de le faire avouer…

 

Le film

Avec plusieurs prix et sept nominations aux César, ce film est devenu une référence mondiale dans les écoles de cinéma, notamment pour la mise en scène, la photographie et le scenario. Pas mal pour un huis-clos ! L’unité de temps -la nuit de la Saint-Sylvestre- se conjugue avec une unité de lieu- un bureau de commissariat-, et une unité d’action : un interrogatoire qui dure. Au fil du temps, la tension monte et le film vaut par la tension palpable qui monte progressivement entre les deux protagonistes. Si Lino Ventura est plus dans sa zone de confort, Michel Serrault surprend avec son personnage de notaire trouble et propose une performance exceptionnelle.

 

Profil Ennéagramme Huit survie

Lino Ventura incarne une énergie puissante, une expression sobre, carrée et cash, un tempérament direct et sans fioritures. Aucun élément de séduction : je suis comme ça, point barre. Bienvenue au profil Huit survie ! Il est souvent désarçonné par le comportement plus volatil de son interlocuteur. Il voudrait l’affronter sur un terrain solide, mais ce notaire, tel un joueur d’échecs, va l’emmener sur un territoire différent, celui de l’incertitude.

 

Michel Serrault dans un profil Ennéagramme Six tête-à-tête

Le Six se remarque par « l’œil qui scanne » et qui détecte. Exemple : en lisant (à l’envers !) la déposition d’un témoin, il va déceler que ce témoin n’a pas dit l’avoir vu avec un chien, mais qu’il n’a pas remarqué s’il y avait un chien ou pas ! Le Six a alors un os à ronger et va attaquer l’incohérence de l’attaque dont il est la victime.  Le Six se voit également par une pensée secondaire. Il anticipe le pourquoi du comment des questions qui lui sont posées. De plus, il y a ce parlé du Six qui alterne des phrases parfois alambiquées avec d’autres réflexions pointues et incisives. Si vous rajoutez à cela un humour caustique, ça fait pas mal d’éléments.

 

Par ailleurs, le tête-à-tête s’additionne ici d’une tendance contrephobique (qui prend des risques et joue avec le feu). Et cela donne un fleurettiste qui avance, recule, contourne, attaque, joue avec les mots, envoie une répartie cinglante, se met en danger puis esquive, reprend son ballet verbal et rend fou son interlocuteur. Plus précisément, il métabolise sa peur dans cette joute verbale. En dépit de l’enjeu, on a, par moments, l’impression qu’il y trouve du plaisir. Toujours est-il que le mental speedé par la peur a besoin d’exutoires et que le dialogue en tête-à-tête lui permet de s’incarner a minima et ne pas devenir parano à cause de trop d’inconnues à traiter. Michel Serrault est magnifique à accentuer certaines contradictions. En fonction de son niveau d’inquiétude, il bascule du rôle de la victime qui subit à celui de la victime qui se rebelle. Le suspense policier réside dans le fait que longtemps, nous manquons de matière pour savoir s’il est coupable ou innocent.

 

Film intense, film à rebondissements, film de dialogues, film d’acteurs, film d’auteur, “Garde à Vue” est bien plus qu’un simple polar.

Intemporelle, jubilatoire, cette opposition entre deux monstres sacrés du cinéma vaut également par l’opposition de deux types et deux sous-types Ennéagramme.

 

Bon film !

 

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