Film d’Anne Fontaine, 2013
avec Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel
L’histoire
Inséparables depuis l’enfance, Lil et Roz sont deux amies qui vivent dans un coin paradisiaque de la côte australienne. Autour de la quarantaine, elles vont, l’une et l’autre, vivre une très belle histoire d’amour. Pour de multiples raisons, ces liens doivent demeurer discrets. Via des images d’une rare qualité, le film raconte avec délicatesse la vie de ces deux couples avec un enchevêtrement d’émotions, à la fois pures et décalées. Un grand moment de cinéma qui parle de vulnérabilité ainsi que du paradoxe entre raison et passion.
Type Neuf sous-type tête-à-tête
Chez Roz, on a pas mal d’éléments sur ce profil aux deux lignes de force opposées. D’un côté, comme souvent chez les représentants du type Neuf, Roz a un côté attentiste qui accueille les événements plus qu’elle ne les provoque, genre « Laissons faire le temps… ». Et, de l’autre côté, Roz a également cet éclat du tête-à-tête qui propose de l’intensité. D’un côté : « Je suis là, et pas plus », de l’autre côté : « J’ai envie d’un lien fort avec toi. » Le cadre du film est un excellent support pour mettre en valeur ce tempérament. Où que se situe cette baie sur la côte australienne, elle n’incite pas vraiment à l’explosivité ! On aurait plutôt envie de se promener les pieds dans l’eau, le long de la plage. Il y a un climat, non pas de torpeur, mais plutôt de douce quiétude… comme le tempérament de Roz. Elle ne va jamais dire à son mari : « Non, je ne te suivrai pas à des milliers de kilomètres, en plein centre ville où ton travail t’envoie. » Probablement pas encore sûre de ses véritables envies, elle va gagner du temps, le laisser partir seul, pour finalement ne jamais le rejoindre. D’autres éléments vont dans le sens de cette difficulté à s’affirmer à court terme. Ce n’est pas que les Neuf ne sachent pas ce qu’ils veulent, c’est qu’ils ont besoin de valider dans leur corps s’ils sont, ou non, en adéquation avec la proposition.
Lorsqu’elle reçoit le premier baiser de son amoureux, elle a aussi cette candeur, fréquente chez ce profil : elle n’a rien vu venir ! Quand, plus tard, Roz sera accablée par une terrible nouvelle, pas de rébellion, plutôt l’accueil, le désarroi face à quelque chose qu’elle n’a pas directement provoqué mais que sa non prise de position a finalement engendré. C’est un schéma assez classique : à force de ne pas s’exprimer pour éviter un conflit, le Neuf finit, par ses non-dits, par provoquer un tsunami.
Le sous-type tête-à-tête fait, pour sa part, peu de doute. Il est même particulièrement intéressant. Il y a de la séduction chez Roz, mais pas au sens de chercher à « allumer » son interlocuteur. C’est une séduction plus discrète, qui cherche surtout à rendre intenses les instants passés ensemble. Le regard intense et le sex appeal sont d’autres éléments qui convergent vers le choix de ce sous-type.
Autres intérêts du film :
Ian, son compagnon, est pour sa part un représentant du profil Huit tête-à-tête. Bagarreur, dans un schéma tout ou rien, il est particulièrement représentatif dans la scène où il va préférer révéler une vérité dévastatrice plutôt que de continuer à vivre dans l’embrouille et le non-dit.
Les images sont sublimes, le tempo que certains pourraient trouver un peu lent est assez juste pour offrir aux émotions le temps de se déployer et de nous toucher. Le scénario, inspiré du livre de Doris Lessing, est particulièrement original. Beau film, vraiment !