Prod DB © Bel-Air / DR UNE BOUTEILLE A LA MER (MESSAGE IN A BOTTLE) de Luis Mandori 1999 USA avec Robin Wright Penn et Kevin Costner couple, plage,

Film de Luis Mandoki, 1999

avec Kevin Costner, Robin Wright Penn, Paul Newman

 

 

L’histoire

 

Journaliste dans un grand quotidien de Chicago, Theresa Osborne se remet doucement de son récent divorce et élève seule son fils Jason. En phase de convalescence, elle fuit toute nouvelle relation masculine, lorsqu’un jour, lors d’un jogging matinal sur une plage déserte, Theresa découvre une bouteille échouée contenant un message, une déclaration d’amour bouleversante. Touchée, elle décide de retrouver l’auteur du message… pour faire un article de cette histoire.

 

Le profil Ennéagramme Trois

 

Ce (très beau !) film raconte comment Theresa va retrouver la trace de l’auteur de cette « bouteille à la mer ». L’énergie du Trois va aider : trouver les bonnes personnes, obtenir l’information, convaincre, avancer. Et puis arrive l’étape suivante : entrer en contact avec cet inconnu, mine de rien, sans révéler les vraies raisons de sa présence pour ne pas l’effrayer. Et là, on pénètre au cœur du dilemme du profile Trois : bidouiller un peu la vérité lors de l’entrée ne contact, pour mieux atteindre l’objectif, puis s’adapter aux circonstances en offrant la bonne image. « Je fais un peu connaissance avec la région et ses habitants » « Je fais des enquêtes pour un journal, un peu sur tout ce qui se présente. » Tu parles ! En fait, elle est là pour écrire un article sur lui, mais ça, elle ne peut pas encore le lui dire.

Theresa joue de son charme et de son doigté relationnel (expertise du profil Trois). La première prise de contact entre Theresa et Garrett illustre a ce paradoxe entre le besoin de lien et l’atteinte de l’objectif. Typiquement dans cet exemple, Theresa a besoin d’entrer en lien avec lui et a un objectif à atteindre et donc elle choisit de masquer une partie de la vérité.

Le contraste est fort entre lui, Garrett, manifestement de sous-type survie, un peu fruste, « aussi bavard qu’un poisson » et elle, charmante, jouant de sa féminité pour entrer en lien. Finalement, son côté Battant prend le dessus, elle prend la direction de la conversation, lui dit qu’elle peut lui apprendre, qu’elle a même un diplôme en communication et un lien se noue : les regards deviennent plus tendres, le sex-appeal opère. Et Theresa continue de dissimuler qu’elle est là pour enquêter sur les messages dans la bouteille, prétend ne pas connaître son adresse alors qu’elle s’y est déjà rendue, joue l’ingénue lorsqu’il mentionne la mort de sa femme. On est en plein dans le travers « Duperie/tromperie ». Ce n’est pas qu’elle mente, c’est qu’elle arrange la vérité dans le sens qui lui est utile. Vu de l’extérieur, les méchantes langues diraient qu’elle le manipule ou qu’elle l’utilise. Mais du point de vue du Trois, il n’y a pas « mensonge », il y a « omission ». Dans ce film, une fois le lien noué, chaque instant qui passe rend plus difficile le fait d’avouer les vraies raisons de sa venue.

Je suis convaincu que la majorité des profils Trois sont de grands romantiques. Malheureusement, dans la plupart des cas, cette partie là d’eux-mêmes a été oubliée, laissée de côté au profit du côté « la relation avant tout utile ». Ce film illustre la dualité entre ces deux pôles « relation utile » et « relation  vraie ». Theresa nous montre joliment le combat intérieur entre ces deux  extrêmes du Trois : duperie ou vérité de ses sentiments.

Malgré l’authenticité croissante de ses émotions, Theresa a fort à faire avec ce veuf, toujours tourmenté par le deuil de son épouse « Elle est partout, dans son atelier, dans chaque pièce, dans toute la ville. Elle est toujours là. » Mais, sans le vouloir vraiment, Theresa est amoureuse. Elle apporte la preuve que, pour les Trois, les émotions sont dangereuses parce qu’elles la rendent moins performante dans son travail, elle devient rêveuse. D’un autre côté, c’est bon d’être dans l’authentique. Des élans de vérité jaillissent : « J’aimerais que tu me connaisses comme je suis dans ma vie de chaque jour. »

Le film nous montre l’évolution du profil. Theresa gagne en densité au fur et à mesure qu’elle s’éloigne de « la relation utile » pour aller vers « l’épaisseur de son intériorité ».

 

Le sous-type tête-à-tête

 

D’après Peter O’Hanrahan, ce profil a « la capacité à créer une image de réussite est focalisée sur l’identité sexuée et ses implications ». Là où tous les profils Trois ont un pouvoir de conviction certain, les Trois en tête-à-tête y ajoutent le sex-appeal. C’est comme cela que Theresa va convaincre son directeur de la laisser aller sur place rencontrer cet homme à l’écriture si romantique et convaincre Garrett de se livrer progressivement. Par l’alliance de sa féminité et de son énergie Trois, Theresa va savoir créer la « bonne » ambiance entre eux, la juste distance, trouver les mots, amener la conversation sur des sujets sensibles, tel un pêcheur à la ligne qui ferre son poisson. Là encore, elle ne ment pas, mieux : elle profite de ces moments, elle est réellement touchée et, en même temps, elle n’ose pas dire la vérité vraie. Il y a une part d’elle-même qui sait qu’elle n’est pas claire à 100%, mais, au fil des ans, le Trois a fini par oublier cette conscience de la vérité pour préférer taire ses sentiments profonds qui risquent d’entraver son chemin vers l’objectif.

D’abord empêtrée dans cette vérité qu’elle a préféré cacher, Theresa va progressivement oser aller vers davantage de sincérité même si c’est nouveau pour elle et pas vraiment facile.

 

Divers

L’histoire est simple, les personnages également mais cette sobriété rehausse leur crédibilité. Les émotions sonnent justes. Un bien joli film pour illustrer le chemin de transformation du Trois : aller de la difficulté à écouter ses sentiments vers le jeu de la vérité. Émouvant, sobre, avec de très belles prises de vue et trois acteurs formidables, il existe pas mal de bonnes raisons pour regarder « Une bouteille à la mer ».

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