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Film de François Ozon, 2010

avec Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Judith Godrèche, Karin Viard

 

L’histoire

 

Dans une petite ville de province, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tempérament….

Le profil Ennéagramme Neuf

 

Dans un premier temps, Suzanne est d’un effacement affligeant. Elle a du mal à trouver sa place. Son mari ne cesse de le lui rappeler : « Ce n’est ni ton rôle, ni ta place que de servir le petit déjeuner : tu es Madame Pujol, ne l’oublie pas. » En clair, tu n’es pas d’abord toi-même, tu es la femme de Monsieur.

Elle demande à sortir en discothèque : « Ce n’est pas ta place. »  Un  avant-goût de sa transformation apparaît lorsqu’elle affirme : « Ce n’est pas ma place à la cuisine, ce n’est pas ma place en discothèque. Elle est où ma place ? » Tiens, tiens, un profil Neuf se posant des questions sur sa place, c’est déjà un bon pas de franchi ! En fait, au fur et à mesure de  ses années de mariage, Suzanne s’est oubliée elle-même, au profit de son rôle d’épouse. Elle a vécu par procuration, au point que sa fille le lui reproche : « C’est toi que je critique, maman, tu as tout accepté, tout. Tu fais semblant de ne rien voir, tu prends tes airs détachés… Le pire pour moi, maman, ce serait de devenir comme toi, une potiche… »

Alors, plutôt que de l’admettre, Suzanne  fait la liste de ce qu’elle a : son « petit » jardin, ses petits-enfants, sa tapisserie… occupations finalement secondaires qui sont devenues un pis-aller pour ne pas écouter au fond de son être ses vraies priorités.

« Es-tu heureuse, maman ? »

– « Bien sûr que je suis heureuse. D’ailleurs, je l’ai décidé une fois pour toutes. »

Obstiné, le profil Neuf a décidé de jouer à l’autruche, de s’oublier, de ne pas se poser de questions sur son bien–être et de fusionner avec les desiderata de l’autre.

Fabrice Luchini joue le rôle du mari qui fait tout pour maintenir sa femme dans cet état de fait :

–       « Écoute, Robert si tu veux mon avis… »

–       « Un avis, quel avis, tu as un avis ? Ce que je te demande c’est de partager le mien… Alors sois gentilé contente toi de tes petits poèmes. »

–       « Elle a raison Joëlle, je ne suis vraiment qu’une potiche. Je suis assise là dans un coin, je n’ai pas le droit de penser, pas le droit de m’exprimer. Je fais partie du décor, je ne suis rien, quoi… »

Sentiment classique de déficience chez ce profil, constat de trop de passivité…

 

Le sous-type tête-à-tête

 

Le fait de s’oublier soi-même est une caractéristique Neuf, mais le fait de s’effacer dans son rôle d’épouse est un élément tête-à-tête. Le sous-type survie se perd dans trop de matérialité ou dans son travail, le sous-type social dans les desiderata du groupe, et le tête-à-tête dans les envies du partenaire ou de l’interlocuteur. Par ailleurs, même si son rôle de ménagère existe, il provient plus de son rôle d’épouse que d’une qualité innée.

Un jour, alors que son mari est retenu en otage dans son usine, Suzanne est amenée à s’affirmer davantage. Face aux ouvriers en colère, elle doit surmonter sa hantise du conflit, pour se montrer à la hauteur. Du coup, elle retrouve de sa puissance (élément que les Neuf trop souvent narcotisent au profit de leur gentillesse.) Elle se met à oser, comme, par exemple, aller trouver chez lui le député maire du camp politique opposé qu‘elle va charmer, séduire, convaincre…

Même alors, dans sa volonté d’affirmer sa nouvelle force, son côté médiateur ressort : Suzanne ne veut pas appeler les forces de l’ordre, pour ne pas le jouer « conflictuel », elle préfère le jouer « discutons et trouvons un compromis » : « On est dans l’impasse, il faut négocier… Moi, je suis pour la conciliation »

Progressivement, Suzanne retrouve de l’aplomb, exige qu’on l’attende. Dans la réunion avec les syndicats où elle fait face à dix personnes, elle singularise son interlocuteur plutôt que de s’adresser au groupe dans sa globalité.

Alors que renaît sa force intérieure, elle retrouve un impact sur l’autre, une affirmation d’elle-même, un esprit de décision, autant de qualités qui s’étaient endormies au fil du temps.

Autres intérêts du film
  • Les second rôles sont jubilatoires : Fabrice Luchini dans un rôle de Six contrephobique social  est truculent et Judith Godrèche dans celui de la fille, Karin Viard en secrétaire de direction et  Gérard Depardieu en chef syndical sont autant de motifs de réjouissances.
  • L’humour au second degré rend cette étude de la personnalité sympathique alors que les traits des personnages sont plutôt accentués.
  • Le profil Neuf sort grandi de ce film, ce qui n’est pas toujours le cas au cinéma.
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