bons_baisers_d_hollywood

Film de Mike Nichols, 1990

avec Meryl Streep, Shirley Mc Laine, Dennis Quaid

 

 

L’histoire

À Hollywood, la drogue et l’argent ont souvent raison de la fragilité des stars…  Suzanne, rescapée d’une overdose doit, contrat d’assurance oblige, vivre  chez sa mère si elle veut continuer à tourner. Exubérante, drôle et narcissique, cette ancienne gloire d’Hollywood étouffe la personnalité de sa fille. Très vite, les conflits oubliés se réveillent et les disputes ne tardent pas à éclater.

Le profil Ennéagramme Deux

Carrie (Shirley Mc Laine) incarne la mère de Suzanne. À plusieurs reprises, » apparaît le travers : « Je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi . En fait, tous les travers du type Deux sont là, mais très amplifiés et traités avec humour.

Carrie a créé un climat de dépendance dans la relation mère/fille. À la fois la fille se sent étouffée et, en même temps, à quarante ans, elle a toujours terriblement besoin de sa mère. Leur lien alterne de demandes de rapprochements et de cassures. La mère continue à vouloir être indispensable dans la vie de sa fille par des petits cadeaux, des conseils ou des mises en relation avec « la bonne personne pour toi ». D’un autre côté, elle lui coupe la parole et ne lui laisse pas le temps de s’exprimer. Exemples :

« Je crois que tu ne devrais pas faire ce film » est prononcé sur un ton rude. Souvent, les Deux ne se rendent pas compte de leur ton de sergent-chef quand ils entrent dans leur compulsion.

« Ton vrai problème c’est… » Et pan ! Moi je sais où est ton problème…

« J’ai demandé au docteur X de t ‘examiner… » Vous voyez votre mère prendre un rendez-vous médical pour vous, sans vous demander votre avis, alors que vous avez quarante ans ?

« Je m’occuperai de tout pendant ton séjour ici, aucun motif d’anxiété, je ne veux pas que tu aies des choses qui te trottent dans la tête. Je veux que tu aies l’esprit libre…  Si je le pouvais, je prendrais ta place… » Comme souvent avec les Deux, d’un côté il y a de la bonne volonté à rendre service et, de l’autre, une motivation inconsciente qui ne se rend pas compte qu’en fait il VEUT rendre service, il VEUT prendre les choses en main, il VEUT se rendre indispensable. Alors, tout cela n’est pas nouveau, mais la forme humoristique du film  ainsi que le choix de l’actrice (du même profil ?) donne de la couleur à ces particularités.

« Tu es comme ta grand mère, tu es toujours en train de me juger, mais me pardonner, tu en es incapable… » Ce n’est pas de la manipulation consciente, mais c’est quand même transférer sur l’autre la responsabilité d’oser s’exprimer sur ce qu’il ressent et le rendre coupable de détériorer la relation.

Le contraste entre les « je veux ce qui est bon pour toi » et les « tu devrais faire ci, tu devrais faire ça » est saisissant. Rarement dans un film, apparaît si clairement le « Je » déguisé du Deux. Moins souvent présent que le « Tu », il s’affirme souvent dans un mode hystérique et dramatique. La frustration de ne pas savoir gérer convenablement ce « Je » explose dans des élans de reproches à l’autre qui ne l’aime pas assez ou pas comme il faut. L’autre est alors démuni, englué dans un schéma affectif, le plus souvent incompréhensible intellectuellement.

La séduction du Deux ressort aussi de façon flagrante, dans ce film. Comme il est question d’une femme d’une soixantaine d’années, les différents jeux de séduction sont peut-être plus visibles parce qu’un peu exagérés dans le regard, les vêtements ou les mimiques enamourées.

Le sous-type social

Comédie très « people » sur la vie des stars à Hollywood, ce film est représentatif du sous-type social au sens qu’il décrit un microcosme “social”, avec ses mœurs et ses excès.

Pour en revenir à Carrie, elle connaît le gratin des « gens qui ont de l’importance dans ce milieu » et, dès qu’il y a des spectateurs, son sous-type social de se met à nouveau à briller. Le narcissisme du type Deux se conjugue alors avec le besoin d’être reconnu du  sous-type social . Ce profil Ennéagramme est difficile à uniformiser. Le schéma classique est plutôt « connaissant beaucoup de monde, ayant de l’influence, mais pas forcément très extraverti ». Ici, Bons Baisers à Hollywood nous en propose une version plus flamboyante. Indépendamment des liens personnels avec tel ou tel, il y a ce besoin de participer à des événements ou d’en créer, comme une grande fête surprise, le jour du retour de sa fille à la maison.

Le mot « Ambition », mot clé de ce profil ressort dans le désir de la réussite de l’autre, même si ce désir peut prendre des formes étouffantes.

Divers

Nominé aux Oscars, ce film a du rythme, les actrices jouent juste et le registre parodie offre un humour décalé. On ne s’ennuie pas et on rit souvent. On aurait voulu réaliser un film sur ce profil, à la fois respectueux et sans concession, on aurait difficilement pu mieux faire.

Bon film !

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