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Film de Woody Allen, 2013

avec Cate Blanchett, Alec Baldwin

 

L’histoire

Alors qu’elle voit tant sa vie bourgeoise que son mariage voler en éclats, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.

Le type Trois sous-type social

Peter O’Hanrahan présente ce profil ainsi : « La nécessité de réussir s’incarne en : gagner l’approbation sociale, connaître les bonnes personnes, acquérir du pouvoir dans les institutions sociales. Il peut s’agir là soit d’un leadership social authentique, ou d’une inflation de l’ego par la propagande et la fabrication d’une image. »

Le mot clé, ici, est : « Prestige ». C’est un tourbillon de rencontres qui dynamisent sa position sociale. Souvent, cette dynamique mêle étroitement vie professionnelle et vie privée. Le conjoint étant un élément indispensable pour recevoir les invités chez soi ou pouvoir sortir en couple, ce qui est socialement considéré comme plus convenable.

Analyse du film

C’est le portrait d’une Trois sociale, qui semble avoir choisi de s’endormir dans le confort social, dans le prestige social, comme dans une cage dorée déconnectée du vrai monde. Elle est entrée dans une spirale de reconnaissance sociale où plus tu organises des dîners avec des invités socialement compatibles, plus le repas se passe bien, plus tu es reconnu comme membre de la classe sociale à laquelle tu appartiens, plus tu as l’impression d’être estimé, d’être à ta place, et plus tu es réinvité chez d’autres hôtes socialement compatibles, plus les conversations sont intéressantes, plus les gens se plaisent entre eux et plus il y a d’obligations sociales….

La contrepartie, c’est que dans ce mouvement perpétuel, il n’y a pas de temps pour respecter la dimension « survie » : sa paix intérieure, son intimité, la justesse de ses sentiments, sa vérité de l’instant.

Il n’y a pas non plus de temps pour passer sur sa flèche Six : se poser des questions sur « d’où vient tout cet argent ? » ; « tout ça est-il bien légal ? » ; « « Mon chéri, en quoi consistent tes affaires exactement ? » ; « Laisse moi le temps de lire ce document que tu me demandes de signer, afin de bien savoir de quoi il retourne »…

La question du film, c’est comment Jasmine a-t-elle pu être si lâche pour préférer pendant des années une vie de confort au détriment des vrais sentiments, de la vraie vie ? On est typiquement dans la problématique Trois : plus longtemps il va préférer le paraître à l’être, plus dure sera la confrontation avec le vrai Soi et plus abyssale la prise de conscience que l’on vivait dans un monde virtuel et pas dans la réalité. Woody Allen nous livre avec humour et compassion la lente descente sociale de son héroïne qui découvre progressivement le vide dans lequel elle a vécu.

Autres intérêts du film 
  • Deux pour le prix d’un ! Hal, le mari est également un Trois social qui nous montre une incarnation masculine de ce profil : pas forcément la version la plus sympathique mais tellement parlante : comment socialement épater, étonner, convaincre, faire croire… Le travers du Trois, duperie/tromperie, s’incarne dans le champ social : relations d’affaires, banquiers, juristes que l’on va entraîner dans cette course à la réussite sociale.  Au final, non seulement on a deux personnes du même profil, mais on a aussi une représentation de ce qu’ils donnent en tant que couple.

 

  • L’interprétation de Cate Blanchett est bouleversante.
  • L’intérêt principal, selon moi, c’est de nous entraîner dans de la compassion envers ce Trois, de nous laisser entrevoir ce vide intérieur qui, la plupart du temps chez les représentants de ce profil , est soigneusement dissimulé. On voit ici leur fragilité intérieure : comment ces êtres souvent dynamiques sont en fait, le plus souvent, inconsciemment toujours en mouvement afin de fuir un néant affectif intérieur qui risquerait de détruire l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes.

Bon film !

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