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Film de Ben Affleck, 2012

avec Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman

 

L’histoire (Allociné)

Le 4 novembre 1979, en pleine révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 américains en otage. Au milieu du chaos, six américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et considérés comme espions, un spécialiste de l’exfiltration de la CIA, Tony Mendez, monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays.

Le Film est dans une double énergie Six et Neuf.

Le climat extérieur est Six. On est dans l’Iran de l’après Shah, en pleine purge, où l’on exécute pour un oui ou pour un non ceux que l’on soupçonne d’anti-Khomeynisme. La peur rôde, le climat est incertain, le danger omniprésent. Cela donne au film une coloration Six où l’on retrouve la croyance fondamentale de ce profil : « Le monde est dangereux et imprévisible. » Partout, des milices zélées posent des questions et traquent les suspects, et nos six fuyards ont peur. A juste titre.

Au milieu de ce climat anxiogène, règne le calme imperturbable de deux personnages : Tony Mendez (Neuf survie) et l’ambassadeur canadien (Neuf social).

Le type Neuf survie

Tony Mendez est, au fond, un père tranquille. Papa d’un garçon de huit ans, il alterne les temps de cocooning au calme à la maison, avec cette vie risquée qu’il s’est choisi. Anormal pour un profil de base Neuf ? Finalement, pas tant que cela. La passion d’un type, ici la paresse, s’exprime fréquemment par son contraire, la contrepassion. L’exemple le plus classique, pour un type Neuf survie, consiste à se créer mille et une tâches secondaires qui l’absorbent et mobilisent son énergie au point d’oublier ses priorités. Au fond, la paresse n’est pas juste seulement ce ralentissement ou blocage de l’action, elle prend aussi la forme d’un oubli de soi-même via un débordement d’activité pour fuir un mal être intérieur.

Dans ce film, cette contrepassion prend une forme différente. Parce que je risquerais de me perdre avec un boulot plan plan dans lequel je m’endormirais dans la routine, je vais me choisir un métier qui va me forcer à agir vivement dans des contextes difficiles. Et, dans ce genre là, spécialiste des exfiltrations, c’est pas mal choisi.

Chez Tony Mendez, le profil Neuf se voit notamment dans son énergie corporelle : flegmatique, calme sous la pression, il marche lentement, parle lentement et se meut sans à coups. Il passe au milieu des obstacles sans une goutte de sueur apparente. Le travers de la paresse, forme d’indolence passive, se transforme ici en une force tranquille agissant avec tact mais branchée sur une forte détermination. Confronté entre obéir aux ordres ou poursuivre le plan prévu, le film va bien nous montrer le dilemme intérieur de Tony, la maturation du processus de décision. Repoussant au maximum le choix crucial qui lui incombe, il va finir par trancher et affirmer avec une voix posée mais ferme à son supérieur  :  « Il y a toujours un responsable quand ça ne se passe pas bien, et là, je suis responsable et je vais les ramener. »

Plus tard, alors que sept vies sont en jeu et que les fuyards sont sur le point d’embarquer dans l’avion du retour, l’hôtesse vérifie et déclare : « Je n’ai pas trace de ces réservations. »  Et là, Tony n’a pas un sourcil qui fronce, aucune forme de stress ne transparaît et il finit par demander avec un ton calme et bienveillant : « Pouvez-vous revérifier, s’il vous plaît ? ».

Le Type Neuf sous-type survie

Toutes les ressemblances éventuelles avec le type Cinq : sobriété des mots, des gestes et allure minimaliste sont autant des indices « sous-type survie » que des indices de type Cinq.

Au fond, Tony s’est choisi un métier survie : sauver des vies. Et, plus fondamentalement, parce qu’il n’a ni le charisme d’un tête-à-tête, ni l’ambition d’un social. Quand on lui donnera une médaille à la fin, il pensera davantage à faire partager ce moment à son fils qu’à la joie dune reconnaissance sociale.

Autres intérêts du film

Joe Stafford,  un des otages, est une bien belle illustration du Six. Au pire de la crise, il est limite parano, qui doute, doute et redoute, agressant l’agent secret (qui représente l’autorité), évoquant toutes les possibilités qui feraient capoter le projet… et, au final, c’est le même qui, sous la pression d’un interrogatoire, au paroxysme de sa peur, parviendra à la transcender et à la convertir en une prise de parole juste qui trouvera la conviction nécessaire pour se sortir d’une passe difficile.

L’ambassadeur canadien, même si on le voit peu, est une incarnation du type Neuf social. Lui aussi reste d’un flegme ahurissant dans ce contexte terrorisant.

L’histoire est 100% authentique et ce film évoque certains détails qui n’ont été révélés que récemment, après trente ans de classification « secret défense ».

Même si on connaît le scénario plus ou moins, le film est prenant de réalisme. Son talent est de ne point trop en faire et de nous en faire vivre les différentes étapes de l’intérieur : la soudaineté de l’attaque sur l’ambassade, la fuite, les émotions des otages,  l’élaboration du plan, le processus de décision à la CIA… Certaines des images sont authentiques et les acteurs ont été choisis pour ressembler aux personnages qu’ils interprètent. Haletant jusqu’au bout, ce film a pour principal mérite de nous montrer une bien belle incarnation du type Neuf.

Bon film !

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