le-jour-le-plus-long-v2Le jour le plus long

Film de Darryl F. Zannuck, 1962

avec John Wayne, Robert Mitchum, Henry Fonda, Sean Connery, Richard Burton, Bourvil, Arletty, Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, Curt Jürgens…

L’Histoire

Alors que trois millions de soldats alliés se tiennent prêts à débarquer sur les côtes normandes depuis un mois, le Général Eisenhower donne l’ordre : le 6 juin 1944 sera le « D Day ». Plus tard, on parlera du « jour J » comme du « jour le plus long ».

Exercice : Se mettre dans la peau d’un type Cinq

Débloquez trois heures dans votre agenda, débranchez le téléphone, prévenez vos proches que vous ne souhaitez pas être dérangé. Considérez que vous êtes hypersensible et qu’il vous faut vous protéger émotionnellement. Créez un périmètre de sécurité autour de vous et retranchez-vous au centre de cet espace. De là, devenez spectateur de la réalité. Vous allez regarder ce film avec détachement, comme un observateur qui est là, mais qui est en recul, à distance de ce qu’il va voir. Une fois que vous vous êtes glissé dans l’énergie d’un profil Cinq, respirez, une fois que vous êtes « à distance » de l’écran, appuyez sur « Marche ».

Idéalement, ne reprenez la lecture de cet article qu’à la fin du film.

Totem, le mot-clé du type Cinq sous-type social

Le film que vous allez voir est un « Totem » à plusieurs niveaux. Il s’agit :

  • d’un événement historique
  • d’un référent mondial
  • d’un rassemblement interculturel

 

Par ailleurs, ce film provient d’un « travail d’expert ». Toutes sortes de données précises ont été rassemblées pour qu’intellectuellement cette fresque historique soit irréprochable, et devienne une « référence socio-culturelle » : un totem.

Ce travail d’expert nécessite que les données soient vérifiées et exactes (ressemblance avec le point Un), qu’elles soient cohérentes, compréhensibles, intellectuellement inattaquables, qu’elles fassent sens.

En clair, ce film peut s’autoriser à narrer des anecdotes émouvantes d’histoires vécues à certaines conditions :

  • qu’il s’agisse d’histoires vraies
  • qu’elles soient cadrées, qu’elles ne servent que d’illustrations aux informations mentales qui doivent demeurer le fil rouge pour que le film ne puisse à aucun instant passer pour un roman ou une histoire imaginaire.

 

Les données énumérées au fil du film
  • 3 millions de soldats en Angleterre, répartis dans 1108 camps
  • 4 000 navires remplis de 200 000 hommes depuis trois jours : cuirassés, destroyers, croiseurs…
  • 11 000 avions prêts à prendre l’air
  • 18 000 parachutistes
Les anecdotes réellement vécues
  • Les roses fichues du Général allemand commandant la région normande détruites par l’orage la veille du Jour J et qui le renforcent dans sa croyance qu’avec un temps si détestable, le risque d’un débarquement est minime
  • Le mal de mer des 200.000 soldats alliés restés à bord des bateaux pendant trois jours
  • La nostalgie du seul rescapé d’une escadrille anglaise constituée en 1940 qui pense à ses copains morts au combat dix minutes avant de découvrir que le jour J est arrivé.
  • L’excitation du Group Captain J. N. Stagg, Chef du service météo de la R.A.F. quand il découvre la veille que le front atmosphérique avance plus vite que prévu et qu’il donne une fenêtre de calme de quelques heures pour un débarquement éventuel.
  • L’incertitude du Général Wolfgang Häger, commandant de la Luftwaffe région Ouest qui avait décidé de disperser les escadrilles de chasse pour minimiser les risques, réduisant à deux avions le nombre d’appareils disponibles sur la Normandie le jour J.
  • La placidité du Maréchal Rommel quittant la Normandie la veille pour aller fêter en Allemagne l’anniversaire de sa femme en lui amenant comme cadeau des chaussures sur mesure d’un bottier parisien.
  • La joie d’Alphonse Lenaux, maire de Colleville sur Orne qui tressaille la veille à l’écoute du message « Jean a de longues moustaches » qui lui indique de faire sauter les lignes télégraphiques, signe que le débarquement est proche.
  • Les hésitations du Général Eisenhower, chef des armées alliées la veille, au moment de la décision, avec son état-major. « Ou nous attaquons le 6 dans des conditions très médiocres ou nous remettons l’opération… Nous ne pouvons pas garder à bord des bateaux un quart de miliion d’hommes indéfiniment… Il faut que nous donnions l’ordre. Ça ne m’emballe pas, mais il le faut. »
  • La sidération de l’officier allemand à l’aurore, quand il découvre sur la ligne d’horizon la plus grande armada que le monde ait connu.
  • L’arrivée sans crainte d’une douzaine de religieuses en pleine zone de combat à Ouistreham, pour venir s’occuper des blessés

Cette somme d’informations permet au Cinq de continuer à les assembler, à y penser, à se détacher de son  émotion pour mieux avoir la vue d’ensemble. Ce flm est un cas d’école de ce profil. On n’a pas vraiment le temps de se laisser toucher par l’émotion que d’autres données interviennent, permettant au mental de continuer à garder le contrôle. Ce fonctionnement se retrouve chez les types Six et Sept : occuper le mental à tout prix. Tout espace vide permettrait à l’émotion de s’épaissir, de se déployer, de prendre forme. Et ça, c’est dangereux, parce que si le mental n’est pas à 100% en contrôle, ces profils se sentent en danger de ne plus maîtriser la situation.

Le film propose un ordre chronologique et alterne donc les prises de vue du côté allié, du côté allemand, du côté français civil, français résistant ; à terre, en l’air, sur mer. La ligne directrice, c’est le totem : les petites histoires sont au service du film, ensemble de données historiques logiquement mises bout à bout pour donner du sens et offrir la meilleure vue d’ensemble possible de cette journée. Le but, c’est de faire de ce film un référent culturel, inattaquable en terme de données transmises.

Si vous avez fait le choix de regarder le film avant de lire ce qui précède, êtes-vous conscient d’avoir été en présence d’une page d’histoire, d’un événement majeur de notre époque ? Pour en arriver là, avez-vous été capable de vous mettre à distance du film ? Avez-vous été plus sensible aux données qu’à la dimension émotionnelle des personnages ? Le type Cinq sous-type social a ces capacités. Pour ceux qui y voient de la froideur, je voudrais rappeler qu’il s’agit surtout de protéger sa sensibilité. Rester dans sa tête pour analyser, autrement dit « garder la tête froide » permet de se distancier de ses émotions. Le Cinq social va ainsi se choisir un ou plusieurs domaines et accumuler le maximum d’expertise afin de continuer à abreuver le mental d’informations. À leur pire, cela peut leur donner un côté professoral, intellectuellement supérieur. Certes, mais la motivation inconsciente, c’est de garder le mental actif afin de ne pas se laisser toucher émotionnellement.

Si vous n’êtes pas parvenu à rentrer dans l’exercice, vous avez dû alterner prises de recul et forts moments d’émotion, avec une amplitude plus grande que celle des profils Cinq. Même s’il est long, le film a du rythme. Robert Mitchum et John Wayne incarnent des rôles de Huit qui leur vont comme des gants. Cette dimension « Totem » nous donne une bonne occasion de revoir le Jour le plus long, alors que nous fêtons le 67ème anniversaire de ce grand moment.

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