Parent d’élève, un métier d’avenir

 

C’est sur ce thème que s’est ouvert le  18ème congrès de l’Apel (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre), sous la présidence de Caroline Saliou, les 16, 17 et 18 mai derniers à Strasbourg où 1500 participants se sont côtoyés pendant ces trois jours.

Il s’agissait notamment de proposer des outils et des idées aux parents pour les aider dans leur mission éducative. Ces membres de l’Apel sont des parents engagés auprès de l’école, au service du lien, de la parole, pour être acteurs utiles au sein de l’établissement scolaire. Des personnalités comme le Professeur Philippe Jeammet, pédopsychiatre, a évoqué la nécessaire confiance à établir pour conforter l’enfant dans une sécurité qui l’aide à se construire. Il a également mentionné l’arbitrage à tenir entre limite et ouverture pour que l’enfant voit en nous des adultes qui tiennent en face de lui.

Parmi différentes propositions comme : «  La difficulté scolaire et le rôle parental » ou « Etre soi-même un parent créatif », j’ai eu la possibilité d’animer un atelier de 90 minutes sur « L’ennéagramme, un outil de connaissance de soi ».

Dans ce temps limité, il s’agissait surtout pour moi d’interpeller les parents avec des questions comme :

. Pour mieux accompagner son enfant, pour  se sentir plus à l’aise dans son rôle de parent  et pour mieux appréhender ce qui est en jeu dans la relation parent/enfant, ne serait-il pas intéressant de commencer par mieux se connaître soi-même ?

. Qu’est-ce qui m’anime en tant que personne ? Quelles sont mes motivations, qu’est-ce qui me met en confiance, me ressource ?

. Quels sont mes points forts sur lesquels je peux m’appuyer ; quelles sont mes zones d’inconfort où mes repères ne me mettent pas suffisamment en confiance ?

J’ai alors évoqué le fait qu’un atelier Ennéagramme permet  d’acquérir des repères pour discerner la structure de sa personnalité. Et que se reconnaître appartenir à l’une de ces neuf familles de caractère permettrait peut-être de répondre à ces questions et de lever des incompréhensions.

 

Par ailleurs, L’Apel nous a fait part d’ un récent sondage Opinion way  qui a donné les résultats suivants :

.  61 % des parents estiment qu’ils sont mal préparés à devenir parents d’élèves ;

.  Pour 88 %  d’entre eux les résultats scolaires de leurs enfants tiennent une place essentielle dans les discussions qu’ils ont avec eux.

Dès lors, on peut se demander de quoi ont besoin les parents pour être confortés à leur place ? Quelle est la meilleure école pour devenir « bon parent d’élève » ?

Difficile posture qui réclame tant de qualités diverses. Les enfants en sont conscients : 79% des jeunes estiment que les parents ont besoin d’aide. N’est-ce pas reconnaître l’extrême complexité et l’enjeu des relations dans la famille et à l’école ? Et aussi voir s’exprimer une belle demande des uns pour les autres. J’y vois une invitation à ouvrir des dialogues autrement, sans aucun doute en faisant confiance à l’amour des parents pour leurs enfants et leur désir de faire au mieux.

Trouver des espaces pour se questionner, se laisser interpeller par des points de vue autres, laisser la place à l’interrogation parfois sans avoir de réponse, accepter la surprise de saisir tout à coup une nouvelle compréhension de la situation… autant de richesse pour augmenter notre écoute pour un dialogue plus ouvert. Imaginons que l’un de nos enfants nous demande : « Dis-moi, maman ou dis-moi, papa, qu’est-ce qui est vraiment  important pour toi ? Qu’est-ce qui te met en colère là ? Pourquoi réagis-tu comme ça ? Comment sait-on quand on a raison ou pas ? »

Mon expérience révèle que l’ennéagramme permet à la fois de consolider la connaissance de soi ET d’acquérir des éléments éclairants sur  ce qui est important pour l’autre, ce qui le motive, ce qui le met en valeur… Un bien bel outil qui permet de faire un pas vers plus d’unité intérieure tout en en faisant l’éloge de la différence. L’Ennéagramme nomme neuf visions du monde utiles pour vivre ensemble dans une harmonie respectueuse. Dans le premier cercle, celui de la famille, nous vivons dans des « mondes » différents tout en habitant sous le même toit.

Ne nous étonnons donc pas parfois de nous trouver parent démuni devant une incompréhension avérée de l’un ou l’autre de nos enfants. Ne vous est-il pas arrivé en tant que parent de proposer à votre conjoint d’aller parler à votre enfant car vous ne saviez pas bien vous y prendre avec lui ? Il peut suffire de se déplacer un peu pour voir comment l’autre voit depuis « sa vision » ou sa fenêtre pour l’accueillir différemment et trouver un nouveau terrain pour dialoguer. Se déplacer pour comprendre l’autre n’est-il pas un acte d’amour dans la longue liste des signes à manifester pour participer en tant qu’acteur de paix ?

En plus de cette intervention au Congrès de l’Apel, j’accueille en stage de plus en plus d’enseignants. Il semblerait donc que le monde de l’éducation commence à trouver dans l’ennéagramme un outil pertinent répondant à certains de ses besoins. Puisse cet intérêt profiter à nos enfants…

Olivia Varin-Bernier