2021, d’Eric Besnard, avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe

 

 

Délicieux

 

 

 

L’histoire

À la fin du XVIIIè siècle, Pierre Manceron, chef cuisinier à fort tempérament, est limogé par son maître, le duc de Chamfort et se retire dans la ferme familiale. Un jour, une femme se propose de devenir son apprentie. Elle va lui insuffler de nouvelles idées. Notamment celle de s’émanciper de sa condition de domestique pour créer un lieu de gastronomie ouvert à toutes les bourses : le premier restaurant. Mais oser défier les normes ne va pas forcément plaire à tout le monde…

 

Le profil Huit survie

Ce profil est certainement le plus « entier » des 27 archétypes. Il parle cash, dans un mode « tout ou rien ». Les nuances ne sont pas son truc. Les compromis encore moins. À l’extrême, on le retrouve dans des rôles comme Gladiator ou Million Dollar Baby.

Dans une expression plus tempérée, il peut aussi incarner une innocence, un côté petit nounours tendre, aux antipodes de son apparence extérieure, souvent bourrue et impressionnante.

Le réalisateur va jouer sur les deux polarités de ce personnage. Fort, rugueux et entier d’un côté, tendre, protecteur et fragile de l’autre. Il est exceptionnel qu’au cinéma, ce profil soit abordé dans une telle cohérence.

 

Au niveau personnalité entière, le refus de s’excuser, au début du film, « parce qu’il n’y avait pas matière à s’excuser » est imparable. Quitte à perdre son emploi.

Avec Louise, son apprentie, cela va commencer de la même façon. Elle n’a rien à faire là, donc elle n’a qu’à s’en aller. Point barre. Avec le temps, grâce à elle et à son fils Benjamin, au fur et à mesure du film, le « tout ou rien » va s’assouplir et la tendresse apparaître.

 

Sous-type survie/sous-type social

En plus de la mise en valeur du type Huit survie, le film donne droit à plusieurs contrastes étonnants entre le monde de la survie et celui du social, comme dans « Dontown Abbey ». Le déjeuner du Duc est une caricature du sous-type social. Il faut faire bonne figure, avoir le bon mot, soigner les apparences, être d’accord avec la majorité des convives, retourner sa veste si besoin. S’efforcer de faire partie du groupe va souvent jusqu’à « essayer de s’ajuster aux autres. » Adhérer au point de vue général prime sur l’expression de son point de vue individuel.

Heureusement, le sous-type social va être davantage valorisé par le rôle du fils, Benjamin, qui ne vit que dans les livres, cherche à s’informer sur la vie à Paris, lit Jean-Jacques Rousseau et a des visions pour participer à la création d’un nouveau monde.

 

Le sous-type survie va être mis en valeur par des scènes d’intérieur, notamment dans la cuisine où les clairs obscurs vont donner de bien belles images de feux de cheminée où rôtissent volailles et gibiers ; l’importance de la conscience dans les petits gestes va prendre sa place dans le découpage des légumes et le nappage des tourtes… On se sent bien dans l’intimité de cette cuisine ! Même en tant que spectateur, nos sens sont sollicités et on aurait envie de goûter les plats.

 

Le type de Louise

Est moins évident. Sa détermination, son abnégation, son envie d’apprendre et de s’améliorer, sa force intérieure, sa puissance de travail font penser au Profil Un. Le regard pourrait ressembler à celui d’un tête-à-tête. Si tel était le cas, cela illustrerait la similitude entre le Profil Un et le Profil Huit au niveau de la vengeance face à une terrible injustice.

 

Le Duc

Sous-type social comme évoqué plus haut. Après, il pourrait y avoir débat entre le profil Trois et le profil Sept. Les données nous manquent pour pouvoir trancher entre une dominante intrigante-arriviste ou une dominante velléitaire-narcissique.

 

Conclusion

La délicatesse de nos cuisiniers s’oppose à la vanité du Duc. Les liens entre les protagonistes sonnent juste, la métamorphose des personnages est emballante. Grégory Gadebois et Isabelle Carré, dans deux rôles de taiseux sont épatants de justesse.

Vrai bon moment de cinéma.

Pensez à réserver un resto pour après, comme toutes les denrées ont l’air délicieuses, le réflexe de Pavlov pourrait passer par là…

Bon film !

 

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