Sophie Ghassat est agrégée de philosophie et auteur. Elle tient une chronique hebdomadaire pour Lemonde.fr et a publié ces jours-ci dans le Figaro un article intitulé « Sagesse du farniente ». Morceaux choisis : ” Qu’une authentique fainéantise ne soit pas chose aisée s’explique par la métaphysique : ne rien faire expose, en effet, au vertige angoissant d’un face-à-face avec la vacuité, c’est à dire à la vanité de son existence.”

Elle cite alors Pascal : « Rien n’est si insupportable à l’être humain que d’être dans un plein repos… Il sent alors son néant, son insuffisance, son vide, son impuissance. »

Puis Heidegger : ” C’est dans ces moments où le temps n’en finit plus de ne pas passer que nous prenons conscience de la brièveté de notre vie et réalisons combien il est urgent de lui donner du sens.”

Certes, tout cela peut sembler un brin trop philosophique en cette période estivale, mais le fond rejoint bien le cœur de l’ennéagramme : après quoi courons-nous toute l’année ? Ne sommes-nous pas esclaves de notre ego qui nous pousse dans des comportements tellement automatiques qu’ils en sont devenus inconscients ? Se poser de temps en temps de « bonnes vieilles questions philosophiques » me semble en tous cas judicieux pour les praticiens de l’ennéagramme. Trop s’engluer dans le comportement des neuf types comporte le risque de perdre de vue l’essentiel : s’accorder des temps de non-agir permet de réduire progressivement la toute puissance de l’ego. Vive le farniente* et bonnes vacances !

* de l’italien fa niente, qui fait néant.