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Film de Philippe Le Guay,

avec Fabrice Luchini, Sandrine Kimberlain, Natalia Verbeke et Carmen Maura.

 

L’histoire (Allociné)

Paris, années 60. Jean-Louis Joubert, agent de change rigoureux et père de famille « coincé », découvre qu’une joyeuse cohorte de bonnes espagnoles vit… au sixième étage de son immeuble bourgeois. ?Maria, la jeune femme qui travaille sous son toit, lui fait découvrir un univers exubérant et folklorique à l’opposé des manières et de l’austérité de son milieu. Touché par ces femmes pleines de vie, il se laisse aller et goûte avec émotion aux plaisirs simples pour la première fois. Mais peut-on vraiment changer de vie à 45 ans ?

 

Type Neuf sous-type social

Fabrice Luchini, impeccable dans son rôle de neuf social, est endormi dans sa vie. Oui, cela nous concerne tous, mais le type Neuf est néanmoins un prototype à ce niveau. Cette passion était autrefois appelée « acédia »,  en clair, une certaine apathie. Ne rien vraiment vouloir, suivre le flux de la vie plutôt que d’en définir le cap. Ne pas en déduire qu’ils sont tous indécis, c’est juste qu’ils préfèrent souvent attendre que la vie décide pour eux. Récemment, on demandait à un acteur interrogé à la télévision de dire comment il choisissait ses films. Réponse : « Je n’ai jamais rien choisi dans ma vie, je n’ai jamais dit « non » à une proposition de film et les films se sont enchaînés, comme ça… Cela  correspond en psychologie à un oubli de soi ou à la pathologie passive-agressive.

En sous-type social,  selon Peter O’Hanrahan, cela prend la forme suivante : « Fusionne facilement avec les desiderata de ses amis et des différents groupes autour de lui. Le bon côté, c’est une capacité à prendre le groupe en charge avec une contribution désintéressée pour le bien commun. Le problème, c’est la tendance à s’endormir dans un rôle social confortable ou dans un magma d’activités diverses. »

Fabrice Luchini, dans ce rôle, est affable avec le client, habite dans un quartier « comme il faut », apprend les bonnes manières  à sa nouvelle femme de ménage : « Quand je vous dis à ce soir, il faut répondre : à ce soir, Monsieur ».

Il est endormi dans ses habitudes et prisonnier des convenances sociales. Bureau, soirées mondaines, liens adéquats dépourvus de personnalisation. Quand il va devoir se réfugier dans une chambre de bonne, il va faire à ses voisines une déclaration très politiquement correcte : «

Bonjour Mesdames,

Les hasards de l’existence m’amènent à quitter le domicile conjugal.

Le destin est capricieux et le caractère des femmes imprévisible

J’espère être un voisin discret et silencieux.

Je vous souhaite une très bonne journée.”

Le film évoque l’éveil du Neuf à lui-même, le réveil au vrai « Soi ». Ici, il va d’abord jouer son rôle de Neuf social, bienfaiteur de la communauté, en trouvant un emploi à l’une, une loge de concierge à l’autre ; il s’implique dans la vie de ces femmes, il est ému par leur quotidienneté, par leur implication dans les petites choses, par leur chaleur, par leur côté bon vivant…  En clair, le social reprend contact avec la réalité en passant par le monde de la survie.

Les sous-types

Rarement dans un film, le contraste entre les trois sous-types est aussi flagrant.

Le seul ennui, c’est que le sous-type social apparaît plutôt comme celui du milieu socio-culturellement riche, alors que le sous-type survie correspond à celui des moins favorisés. Ce qui n’est pas une réalité….

Pour le reste, au niveau des sous-types, ce film est remarquable.

La concierge française, donne dans la caricature du sous-type social ; l’une des femmes de ménage, syndicaliste, joue un  rôle de Un social : «  La place d’un bourgeois n’est pas au 6eme, elle est dans l’immeuble, avec les bourgeois. »

A une exception près, les autres « Femmes du sixième étage » sont toutes en survie. Elles nous donnent différents thèmes classiques de ce sous-type : elles font le fête entre elles, sans chichis, dans chaleur humaine de proximité, parlent beaucoup de leur  famille, échangent des trucs pour mieux faire briller l’argenterie,  s’entraident, ont le sens du soin, du travail propre, côté « fille du logis », font vivre une ambiance cordiale. La venue au monde d’un enfant de la fraterie et son poids à la naissance sont une nouvelle de première importance qui peut prendre des proportions émotionnelles considérables.

Un incident domestique va être le déclencheur qui permettre à un  lien de s’établir entre les deux mondes.  Fabrice Luchini va sortir de ses préoccupations sociales pour découvrir progressivement la réalité, le quotidien, les émotions

  • du monde de la survie
  • des émois de la relation en tête-à-tête avec Maria, chez laquelle le regard, l’intensité, la présence à l’autre sont autant d’indices sur le sous-type en tête-à-tête.

Il va finir par avouer qu’il découvre que c’est la première fois qu’il se sent à sa place, qu’il se sent en famille, avec ses nouvelles amies du sixième étage.

Les enfants, fantastiques dans leur rôle social exagéré, s’insurgent : une famille !!!! Mais ce sont des domestiques…

Tendre, juste,  rythmé, ce film est une pure merveille de sensiblité sur le thème de « Se réveiller à soi-même ». Bon film et bonne rentrée !

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