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Mots clés : Possession/Reddition

Film de Denys Arcand, 2003

avec Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman

 
La synthèse de Peter O’Hanrahan

Les Huit en tête-à-tête utilisent leur puissance et leur forte présence pour posséder (ou contrôler) le partenaire ou les proches qui en valent la peine. Cela peut aller jusqu’à devenir esclave de cette pulsion, incapable de s’adapter ou de lâcher prise. L’autre facette de ce comportement peut être le désir brûlant d’être touché affectivement au point que le Huit en arrive à “se rendre”, à lâcher tout contrôle, et à confier les rênes de la relation au partenaire.

 

L’histoire (Allociné)

Rémy, divorcé, la cinquantaine, est à l’hôpital. Son ex-femme Louise rappelle d’urgence leur fils Sébastien, installé à Londres. Ce dernier hésite – son père et lui n’ont plus rien à se dire depuis longtemps. Finalement, il accepte de revenir à Montréal pour aider sa mère et soutenir son père. Dès son arrivée, Sébastien remue ciel et terre, joue de ses relations, bouscule le système de toutes les manières possibles pour adoucir les épreuves qui attendent Rémy. Il ramène aussi au chevet de Rémy la joyeuse bande qui a marqué son passé : parents, amis et anciennes maîtresses.

 

Le profil Ennéagramme Huit

Rémy parle fort, dit ce qu’il pense, toujours, avec des mots plus ou moins crus. Son besoin d’avoir une partenaire semble avoir été le fil rouge de sa vie. Le film est particulièrement intéressant, parce qu’il nous montre ce profil dans une situation d’impuissance où, atteint d’une maladie en phase terminale, il va devoir lâcher sa compulsion : « avoir ce que je veux, là tout de suite » pour accepter progressivement d’être touché affectivement, autrement que par la possession. En clair, il va devoir « se rendre », abandonner le « je prends, je possède » au profit de « je me laisse toucher, j’accueille ».

Rarement les deux polarités de ce profil sont aussi bien présentées. Le type Huit tête-à-tête y est montré sans concession quant à ses travers, mais aussi joliment présenté dans son côté « gros ours tendre un peu maladroit affectivement ».

 

Le sous-type tête-à-tête

Son envie de posséder la partenaire perdure. Même sur son lit d’hôpital, il annonce ouvertement à l’infirmière son désir pour elle, avec un peu d’humour pour avaliser le fait que de son état, ce n’est techniquement pas possible… Quand ses amis vont revisiter leurs souvenirs, c’est cette compulsion qui revient le plus. La relation entre père et fils est également très marquée en tête-à-tête. Explosive, franche, droit au but, elle peut sembler brutale mais, au moins, les choses sont dites. Et, dans ce climat de fin de vie, cela fait du bien. Une fois leurs récriminations exposées sans concession, la relation, purifiée des nœuds du passé, va pouvoir reprendre sur un mode authentique. Et c’est à ce fils qu’il va s’abandonner, c’est-à-dire, ne plus vouloir diriger, commander, décider, trancher, initier, mais laisser les rênes à l’autre, 100% confiant qu’il fera les bons choix. Et que je n’aurais plus qu’à m’abandonner à ce qui arrivera.

 

Autres intérêts du film
  • Le fils est clairement d’un profil Trois survie qui s’exprime bien joliment. Il va utiliser sa débrouillardise, son sens de l’adaptation, sa force de conviction, son sens de l’image, son argent et ses compétences pour adoucir les derniers jours de la vie de son père.
  • Il va le faire sur chacun des trois champs des sous-types : au niveau de la survie, il va accélérer le processus de diagnostic, trouver les bons remèdes et les faire administrer, installer son père dans le plus grand confort possible… Au niveau du tête-à-tête, il va provoquer des moments où, seuls ensemble, ils vont pouvoir tirer le meilleur de ce mode de relation. En social, il va rameuter les anciens copains, pour gérer, ensemble, cette fin de vie qui s’annonce.

 

  • Au niveau social, le film est également très intéressant. Il est question du potentiel social de Rémy, qu’il n’a jamais vraiment su exploiter, de l’évolution de la société : ces « Invasions barbares » que sont l’évolution de la société occidentale avec ses importations de coutumes américaines pas toujours positives, vues d’un point de vue canadien. On trouve aussi de multiples références culturelles au XXème siècle, un débat sur la façon dont chacun pourrait décider de sa fin de vie, une bande de copains qui font de cette fin de vie un « événement ».

Meilleur film étranger aux Oscars 2004 et César du meilleur film aux César 2004, Les Invasions Barbares est un film qui ne devrait laisser personne insensible. Bon film !

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