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Film de Fred Shepisi, 1991

avec Sean Connery, Michelle Pfeiffer, Roy Scheider

 
L’histoire

Lorsque Katya, une éditrice russe, essaye de faire parvenir à l’éditeur britannique Barley Blair un manuscrit écrit par un ingénieur soviétique, elle les entraîne involontairement dans le monde de l’espionnage international. Quand le manuscrit, qui contient des informations militaires sensibles, est intercepté par le contre-espionnage anglais, Blair est envoyé, un peu malgré lui, en Russie pour obtenir davantage d’informations sur ce document.

Le type Ennéagramme Neuf

Il y a, d’abord, un certain laisser-aller. Le contraste entre son allure dégingandée et le style militaire des hommes du contre espionnage est amusant. Sa démarche laisse également entrevoir quelqu’un qui vit à son rythme plutôt qu’il ne subit un rythme imposé.

Quand le contre-espionnage essaye de le mettre dans le coup, on voit bien qu’il a besoin de temps pour digérer l’information et décider de ce qu’il veut. Au final, il y va en maugréant, contre son gré, sans jamais avoir dit « oui » en ayant même dit « non ». Il sent qu’il ne peut pas s’opposer, alors il préfère suivre le courant : attendre et voir.

Le côté « anti-stress » se retrouve à plusieurs moments. Pendant toute la durée du film, la vie de Barley ne tient qu’à un fil. Il en est conscient et, malgré cela, il demeure calme. On le voit pêcher à la ligne alors que d’autre décident de son sort quelques mètres plus loin. Quand il passe au détecteur de mensonges, en présence de plusieurs personnes, il a un peu l’air ailleurs, comme détaché. En fait le mécanisme de défense du Neuf, appelé « narcotisation » consiste à s’engourdir pour ne ressentir ni le stress, ni les mauvais côtés de la situation.

Ce film nous montre la polarité Passif/actif du profil  Neuf.

Son côté « passif » : ne pas forcément décider tout de suite de ce que l’on va faire, être un suiveur plutôt qu’un décideur, prendre le sens du vent, maintenir une position non conflictuelle…. Dans ce film, c’est probablement grâce à ce tempérament qu’il va survivre aussi longtemps. Ce manque d’aspérité apparent  le rend non menaçant, on s’en méfie moins. Il vous « endort » au sens où il apparaît comme désarmé et vous amène à abaisser votre vigilance, sans vous méfier de cette « eau qui dort ». En plus, il y a cette gestion du temps assez particulière, cette impression de ne jamais être pressé et que, si elles doivent se faire, les choses se feront en leur juste temps.

Son côté actif : à un moment, le Neuf, finalement, se décide. Souvent à partir de ce qu’il ne veut pas : c’est parce qu’il ne veut pas de la route A qu’il va s’engager sur le route B. Et quand il est sûr que c’est le bon chemin, les flèches se mettent en action : au point Trois, il trouve l’efficacité et le pragmatisme, en Six, il discerne les tenants et les aboutissants de la situation, les conséquences, les différents scénarios…

Le sous type Social

Peter O’Hanraghan précise : « Ce sous-type fusionne facilement avec les desiderata de ses amis et des différents groupes autour de lui. » Dans ce film, il ne va pas vraiment fusionner mais il va quand même tellement bien se couler dans le rôle d’espion qu’on lui a donné, qu’on se demande par moments si tel n’est pas le cas. Dans quelle mesure, comme un type Trois, il ne s’est pas tellement bien immergé dans son rôle qu’il s’y perd.

Par ailleurs, il a un côté « Bienfaiteur de la communauté », c’est à dire que, sans être un boute-en-train dynamique comme pourrait l’être un profil Sept, il est un élément indispensable dans son orchestre ainsi que dans l’association anglo-russe qui organise des soirées. Il a plein d’amis et connaît beaucoup de monde. Il est capable, avec son énergie « bonhomme» de faire jouer de la musique à une quinzaine de convives avec des petites cuillères, des verres, la table, du papier à cigarettes… comme ça, sans vraiment hausser la voix. Il rassemble autour de lui, dans sa double énergie « harmonie du Neuf » et « harmonie du social ».

Il est, par ailleurs, concerné par les pays, les cultures. « J’aime les États-Unis, mais j’aime aussi la Russie, et j’aime l’Angleterre… » Il évoque aussi les Tchèques, les Vietnamiens, les Coréens, les Afghans…  Et quand il en parle, non seulement  il y a du fond, mais il est aussi capable de briller en société, comme dans cette journée où il a débattu sur « Comment sauver le monde entre le déjeuner et le dîner : je crois en la nouvelle Russie. Il y a vingt ans, c’était un projet chimérique. À présent, c’est notre seul espoir. Nous pensions pouvoir vous ruiner avec la course à l’armement, en jouant avec le destin de la race humaine… »

Et quand interrogé par le MI6, on lui demande, l’air hargneux : « Et vous y croyez ? » Il répond : « Je ne sais pas, j’y crois quand je le dis, mais il faut être en Russie. » En voilà une bien jolie réponse de Normand : une réponse qui ne veut pas dire oui, et qui ne veut pas dire non !

En tous cas, c’est sa perspective « sociale » qui va lui faire trouver une solution pour se sortir de cet imbroglio : une vision des parties en présence, des sous-groupes à l’intérieur d’un groupe… Par exemple, dans « son camp », il y a à la fois les américains et les anglais. Il sait en quoi leurs mentalités sont différentes, il voit comment ils fonctionnent, les uns et les autres, collectivement. Et il va jouer là-dessus. Ce sont les compétences de son sous-type, autant que celles de son type qui vont lui permettre de se tirer d’affaire.

Autres intérêts du film

Il est assez rare, au cinéma, que le Neuf nous soit montré avec un côté sympathique, voire héroïque. Ce rôle est à la fois assez symptomatique de ce profil et il nous montre aussi comment, sous ses airs nonchalants, le Neuf peut s’avérer un homme d’action et de décision. Savoir faire le dos rond dans la tourmente ne signifie pas être incapable d’agir à bon escient ou incapable de prendre des risques. On retrouve ces qualités chez certains champions de tennis. Ils ont l’air de gentils nounours un peu endormis en arrivant sur le court, ils perdent d’ailleurs souvent le premier set bêtement, puis, une fois que le diesel a eu le temps de chauffer, on les voit courir, se battre et gagner avec une énergie diamétralement opposée à ce qu’ils ont montré dans un premier temps. En fait, il est difficile de caricaturer ce profil tellement il peut être ambivalent selon les circonstances. Quand il a décidé de ce qu’il veut et qu’il a envie d’y parvenir, plus rien n’arrête le Neuf. Entêté, il fonce alors avec l’énergie du rhinocéros.

 

Oscar du meilleur acteur pour Sean Connery et nomination à l’Oscar de la meilleure actrice pour Michelle Pfeiffer, leur idylle de manque ni de piment, ni de charme. Bon film !

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