Film de Mike Nichols, 2008
avec Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman
L’histoire
Basé sur une histoire vraie, le film débute par un discours de félicitations adressé à Charlie Wilson, député de la deuxième circonscription du Texas : « La défaite et le démantèlement de l’Union soviétique, avec la chute du mur de Berlin comme point d’orgue, constitue un événement majeur de l’Histoire. Cette bataille a compté nombre de héros, mais c’est à Charlie Wilson que doit revenir cette distinction exceptionnelle. Il y a treize ans à peine, l’Union soviétique paraissait invincible, mais Charlie, envers et contre tout, a porté le coup fatal à l’Union soviétique. Sans Charlie, l’Histoire eut été profondément et douloureusement différente. »
Retour en arrière : en avril 1980, Charlie entend un reportage sur l’Afghanistan. Le reporter déclare que l’Amérique semble s’être endormie et que, si l’Afghanistan tombe et que les russes atteignent le Golfe et ses champs prétrolifères, ce sera bientôt au tour des États unis d’Amérique de tomber…
La route de Charlie va croiser deux personnages truculents :
Joan Herring, profil Ennéagramme Huit social, riche héritière du Texas, qui a décidé de faire changer les choses en Afghanistan ; et un agent de la CIA, Gus, profil Ennéagramme Huit survie, qui a envie d’en découdre avec les soviétiques.
À eux trois, ils vont faire voter en quelques années plusieurs milliards de dollars de fonds secrets au Congrès américain, afin que les résistants afghans disposent du matériel approprié pour chasser l’armée soviétique de leur pays.
Le profil Ennéagramme Sept
Il y a chez Charlie un côté immature, en tous cas un peu léger. Il se définit comme « coureur de jupons et buveur de whisky. » Il est député, mais profiter de la vie semble être plus important que d’être pris au sérieux. Ses secrétaires, toutes jeunes et jolies, contribuent à son image de dandy. Insouciant, il se laisse embringuer dans une soirée lascive dans un jacuzzi avec des call girls et un soi-disant réalisateur peu recommandable… Virevoltant, léger, pas formaliste pour deux sous, il traite plusieurs dossiers en même temps à la vitesse du vent. En bon profil ennéagramme Sept, il est membres de plusieurs commissions « à l’intersection du département d’État, du Pentagone et de la CIA. »
Le sous-type social
Au delà du personnage de Charlie Wilson, c’est l’ensemble du film qui est social. Le social fonctionne par relations, par réseaux :
- « J’ai un ami qui a fait un film formidable sur la nécessité pour les américains d’aider les afghans… et je projette le film chez moi, à Houston, pour récolter des fonds… » (Toute la jet-set du Texas est présente).
- « Je t’ai organisé un rendez-vous avec le Président pakistanais… et un autre en Israël avec… »
- « Un grand nombre de vos collègues ont quelque chose à vous renvoyer ».
- En clair, le social fonctionne pas mal sur le troc de services rendus. Exemple: Charlie accepte de faire partie d’un comité d’éthique et, en retour, demande à siéger au conseil du centre culturel Kennedy : « Je voudrais en faire partie, les femmes adorent qu’on les y invite et je n’ai pas les moyens… » Une fois convaincu, Charlie s’engage, il fait jouer ses relations « qui ont un renvoi d’ascenseur » à lui accorder. Il joue sur la réélection des uns, sur la fibre patriotique des autres. Une des clés de l’histoire se joue lorsqu’il convainc le Président de la sous-commission du budget pour qu’il mette à son tour les autres membres de leur côté, et hop, quarante millions de dollars de fonds secrets sont attribués aux rebelles afghans. On voit bien comment, au sein d’un comité ou dans une réunion, le sous-type social est particulièrement armé pour faire valoir son point de vue. Si le charisme est souvent relié au sous-type en tête-à-tête, le social, lui, possède souvent une facilité oratoire en public, parfois un peu exaltée.
De plus, le sous-type social maîtrise bien les alliances, les enjeux politiques ; il y a une certaine « intuition sociale » qui ressemble à « l’intuition Ennéagramme type Six » : prévoir les conséquences de chaque mouvement. « Je suis un des amis d’Israël au Congrès, ce sont à des donateurs juifs auxquels je dois mon siège de député et je ne sais pas ce qu’ils vont penser si je me met à épouser la cause musulmane. » Comme un joueur de billard qui, avant de jouer, est doué évaluer l’effet de son mouvement sur l’ensemble des autres boules.
Apprentissage Ennéagramme
- Je n’aurais jamais cru utiliser un jour un film sur la guerre pour illustrer l’ennéagramme, mais celui-ci illustre si bien le sous-type social, que j’ai fini par le choisir. Heureusement, le sujet est abordé au deuxième degré, avec un humour décalé qui donne une forme de légèreté à un sujet absolument effroyable.
- Le contraste est désopilant entre les deux second rôles de profil Huit assez caricaturaux, l’un social : Joan Herring, l’autre survie Gus, de la CIA.
- Dans ce film, on évoque les grands de ce monde : des présidents de pays et la politique internationale. Un ami me demandait récemment : « Mais je ne vois toujours pas à quoi peut ressembler un sous-type social, dans un quartier défavorisé ? » En fait, c’est la même chose : il connaît les personnes qui comptent dans la communauté, il échange des petits services, il se fait inviter dans les anniversaires « prestigieux », il connaît les habitudes des autres quartiers, leurs coutumes. Une des clés de sa réussite, de son ascension sociale, c’est le réseau : être en lien avec ceux qui ont le pouvoir, connaître la bonne personne au bon moment afin de pouvoir rendre service à quelqu’un.
Alternative possible
Même si Tom Hanks est un de mes acteurs préférés, je trouve qu’il ya une certaine dissonance entre son type réel et celui qu’il incarne dans ce film. Aussi bien qu’il joue, il lui manque une certaine légèreté, une vivacité pour incarner ce rôle de profil Ennéagramme Sept. Sa qualité de présence ferait plutôt penser au type ennéagramme Neuf. Nous atteignons ici la limite de l’exercice de choisir des rôles pour incarner les profils ennéagramme : parfois le type de l’acteur et le type de son rôle ne coïncident pas pleinement.
Conclusion
Histoire vraie qui couvre des événements historiques qui nous concernent encore aujourd’hui, acteurs au mieux de leur forme, humour décalé, bonne leçon sur le sous-type social : autant de bonnes raisons de regarder ce film…