Personal shopper v2

Film de Olivier Assayas, 2016

avec Kristen Stewart, Lars Eidinger

 

 

L’Histoire

Maureen, une jeune américaine à Paris, est Personal Shopper, c’est-à-dire en charge de la garde-robe d’une célébrité : courir les magasins pour aller chercher chez les grands couturiers des tenues appropriées pour ses photos, soirées, événements… C’est un travail qu’elle n’aime pas vraiment  mais enfant, elle avait fait un pacte avec son frère jumeau pour qu’ils s’envoient un message de l’au delà, si jamais l’un devait mourir avant l’autre. Lewis étant récemment décédé dans un accident, elle n’arrive pas à faire son deuil et reste à Paris espérant un signe. Arrivent alors sur son portable d’étranges messages anonymes…

Analyse Ennéagramme type trois

Sujet étrange et dérangeant que cette jeune femme en pleine phase de « négociation » dans sa courbe de deuil. Le film qui vaut pour le suspense et aussi pour cette incarnation du « masculin/féminin » du type Trois en tête-à-tête. Maureen est triste et son tête-à-tête n’est pas un tête-à-tête amoureux. Il n’y a donc rien de séducteur dans son comportement. Elle est même habillée, sinon trash, du moins très décontracté. Et pourtant, son « masculin/féminin » est flagrant. Il est très rare que, dans un film,  surgisse ce profil en mode « énergie basse ne cherchant pas à prouver quoi que ce soit ».  Allez-y et regardez, c’est bien plus facile à observer qu’à décrire ! Plusieurs commentaires néanmoins :

. Le type Trois offre un panel de comportements bien plus vaste que ce que décrivent les livres et ce que sous-entend son appellation de « Battant ».  Les sous-types nous prouvent que ce n’est pas si simple. En fait, seule une partie des sous-types survie correspondrait plutôt à cet adjectif.

. Ici, nous avons affaire à un sous-type en tête-à-tête. Donc, une focalisation très forte sur un partenaire ou une personne chère. Maureen est « obsédée » par son frère disparu. L’attention est tellement focalisée sur un autre qu’il y a perte d’équilibre, de jugement, de lucidité. Et cela marche aussi bien en grand période amoureuse qu’en période de deuil. Ce qui apparaît ici, c’est que, beaucoup plus souvent qu’on ne le pense, les Trois traversent des phases de nostalgie, de tristesse plus ou bien assumée et, dans cet état là, ils apparaissent comme tout sauf comme des Battants. Merci à ce film de nous le rappeler.

. Il ne s’agit pas d’un registre de garçon manqué, mais plutôt de la gestion de deux polarités opposées : une certaine fragilité qui accueille les émotions ET une détermination qui voudrait éloigner les émotions. Autrement dit, être ambivalent entre sa partie masculine agressive : foncer devant et conquérir ; et sa partie plus doucement féminine : séduire et jouer de ses émotions.  Comme si cela ne suffisait pas, la trame du film étant pleine de d’incertitudes et de doute, voilà notre actrice bousculée par un cocktail d’émotions contradictoires.

Au final, le film démontre que ce profil est perméable aux émotions, même si son réflexe habituel consiste à les tenir à une distance suffisante pour qu’elles ne perturbent pas son efficacité. Bravo à Kristen Stewart d’incarner avec beaucoup de justesse le  tourneboulé émotionnel de son personnage, dans une forme fragile et forte à la fois.

Bon film !